jeudi 18 octobre 2012

La grève contre les briseurs de rêves.



Les "bongs" caverneux se succèdent aux clapotis qui chantent leur paisible musique le long de la coque du bateau. Les amarres grincent et crissent comme si elles voulaient témoigner de la volonté du voilier que j'observe à prendre la mer. Le navire ne paye pas de mine, mais il tire encore sur les cordages malgré l'absence de courant et de vent sur le port de Bordeaux. Je pourrais presque entendre son appel à embarquer au plus vite, pour le libérer de la bite d'amarrage qui l'oppresse et hisser les voiles sitôt à bord. 

Le pont du navire mériterait un bon sablage pour évacuer la rouille qui le dévore peu à peu, ainsi que la coque après une observation plus attentive du canot. Il y'aurait évidemment un coup de peinture à passer, une bonne couche de gel-coat pour le protéger du milieu marin, certainement quelques voiles à changer, mais n’y a-t-il pas un certain plaisir à rendre sa dignité à un bateau ? A son bateau, je veux dire…

En ce jeudi 18 octobre, je traine ma solitude sur le bassin à flot, le temps que les 45 minutes de coupure imposée par la réglementation européenne du transport routier, s’inscrivent sur ma carte de conducteur (le disque a quasiment disparu depuis quelques années). Alors j’en profite pour regarder les voiliers, et ressasser par la même occasion ce rêve jamais accompli d’en posséder un. 

Il y’a en effet quelques années, alors que je vivais encore en appartement, je me suis mis en tête de devenir propriétaire. Un voilier habitable d’occasion en bon état peut se trouver à partir de 30.000 € pour qui sait chercher. J’avais à l’époque jeté mon dévolu sur « l’Amphora » de Wauquiez avec sa magnifique cabine arrière. Il faut dire qu’à l’époque, nous étions deux à nous projeter la grande aventure, et nous souhaitions un minimum de confort. Nous nous sommes donc renseignés. En quelques semaines, le monde du nautisme n’avait plus de secrets pour nous. Nous connaissions l’argus des bateaux, leurs qualités et leurs défauts, les difficultés de vie en mer et au port, mais aussi la douceur nonchalante d'une vie à rencontrer d’autres voyageurs en escale pour se conter des histoires de baroudeurs des mers. Notre idée était d’acheter un bateau à bon prix et dans un état correct, le rembourser sur trois ou cinq ans en vivant dedans (donc plus de loyer à payer), en profiter pour apprendre sur le long terme à naviguer, savoir se positionner sur une carte, affronter une houle venant s’écraser sur le pont à l’occasion de quelques sorties sur le golfe de Gascogne, bref devenir de bons marins.

Pour l’occasion, je m’étais même formé à la stratification, afin de pouvoir réparer une coque plastique abîmée dans n’importe quel port du monde. Nous voulions bouffer de l’océan, accoster sur des continents nouveaux et des îles enchanteresses, explorer de nouveaux territoires, fraterniser avec le Monde durant quelques dizaines d’années, tant que notre jeune âge nous le permettait.

Puis vint le moment de contacter des banques et ce fut alors la grande désillusion. Les organismes spécialisés dans le crédit-bateau, ne prêtaient de l’argent que pour les occasions récentes où les bateaux neufs. Sachant que ces derniers se négocient au moins à 100.000 € l’unité, il était hors de question pour nous de nous ruiner durant 20 ou 30 ans de notre vie, pour ne jamais réaliser notre rêve de globe trotter au final. Il en fut évidemment de même auprès des autres banquiers qui voyaient d’un mauvais œil notre manque de stabilité professionnelle, cela malgré des revenus constants et bien au-dessus de 2000 €/mensuels pour nous deux. La plupart des plaisanciers préférant vendre cash leur navire pour en acheter un plus gros, nous étions bloqués. Bloqués non par manque de revenus réguliers à faire valoir, mais par ce que d’un côté, le système aimerait dézinguer le C.D.I dans le but de permettre aux entreprises de licencier plus facilement et ajouter ainsi de la « flexibilité » à l’économie, et de l’autre, ce même système refuse de faire confiance à qui n’est pas cadre-fonctionnaire depuis 30 ans au moins pour accorder un crédit, un bail, un peu de droit au rêve.

De guerre lasse, après une année à vivre dans un minuscule 25 mètre² sans au moins le plaisir de boire le café à Reykjavik ou à Bora-Bora le matin, nous avons opté pour une vie plus banale et avons trouvé une petite maison de campagne avec un loyer qui était encore acceptable pour notre budget à l’époque. Les circonstances ont fait que notre histoire s’est tarie avec le temps, mais que nous sommes aujourd’hui obligés de continuer notre collocation forcée, faute de moyens pour reprendre chacun notre envol.

Alors aujourd’hui, errant sur le quai du bassin à flot, je regarde avec envie ces bateaux pour la plupart à l’abandon, pour un bon nombre cherchant acquéreur et je mets en parallèle le temps de ma vie qui s’écoule inexorablement, sans que je puisse avoir le droit de réaliser mon rêve car le Système n’est pas conçu pour les rêveurs. Combien d’idées ingénieuses, de projets d’entreprise, de maisons de campagne, de bateaux, de corps de ferme et que sais-je encore, n’ont jamais trouvé leur financement car le Système n’accepte de nous que notre consentement au travail pour payer son usure légalisée, rémunérer ses riches actionnaires, entretenir la spéculation sur nos vies, mais ne surtout pas générer de la richesse réelle et accorder un peu d’espoir à chacun ?

Le Système est si bien conçu, qu’il a su acheter le politique, lui imposer ses ordres, se débarrasser de nos Souverainetés Nationales si gênantes pour lui et même faire croire au plus grand nombre grâce à des médias tout aussi achetés, que les Etats-Nations étaient forcément des concepts dépassés qui ne pouvaient qu’évoquer le « repli sur soi », « le dangereux retour au nationalisme », etc, etc.

Pour notre plus grand malheur, mais aussi peut être notre seule chance de libération, cette économie de la cupidité arrive en fin de cycle sur une gigantesque pyramide de Ponzi monétaire. Avant le grand Krach, nos politicards s’affolent pour rembourser les dettes qu’ils se croient justement obligés de rembourser en notre nom et prévoient de grandes cures d’austérité ce qui n’a d’autres conséquences qu’accélérer la chute. Par ailleurs, ces fous n’hésitent plus à piétiner des Référendums, imposer leur fédéralisation à marche forcée et placer leurs pions Goldman Sachs  à la tête des Etats et institutions européennes. Ce que les peuples commencent à comprendre et percevoir malgré la propagande européïste. Nous savons désormais dans quelle nouvelle U.R.S.S nous vivons. Cette dernière n’est pas soviétique, mais libérale et atlantiste.

Un appel a été lancé depuis l’Espagne dans le but d'organiser une grande grève générale au sein de l’Union Européenne le 14 Novembre prochain. Je ne puis que soutenir cette action, car elle peut précipiter les choses et mettre au pas ceux qui prétendent nous gouverner. 


Mais une véritable grève correctement planifiée doit cependant trouver son organisation autrement que par la simple question de l’abandon du travail. Par exemple, il serait nécessaire que les cheminots puissent organiser du transport gratuit à destination des grandes villes de France et d'Europe pour les manifestants qui le souhaitent. Que les fonctionnaires du Trésor Public fassent la grève de la collecte d’impôts. Que les palais de justice ajournent les liquidations judiciaires ou les expulsions de locataires en défauts de paiement. Que les employés de banque refusent l’encaissement de liquidités mais proposent à chacun de vider ses comptes. Que les employés de l’E.D.F remettent le courant aux foyers qui en sont privés du fait de factures impayées, etc. etc.

Enfin vient le mot d’ordre et pour moi il est très clair :

-Exigence de démantèlement de l’Union Européenne au moyen de l’article 50 du Traité sur l’Union Européenne saisi par chacun des gouvernements.
-Nationalisation de toutes les banques.
-Tenue de nouvelles élections en toute transparence, et sans limitations (type 500 signatures ou censure médiatique)
-Récupération des prérogatives de nos banques centrales de financement de l’Etat et des collectivités territoriales.
-Interdiction de création monétaire pour les banques privées.
-Refus de l’austérité.

Il y-a beaucoup d’autres urgences en vérité, mais les dernières citées ont un lien fort avec la Démocratie, soit le socle de la Souveraineté des Peuples à gérer leurs affaires.

Toute autre revendication qui ne tiendrait pas compte des éléments pré-cités ne seraient que pure fumisterie de la part des syndicats, qui sont je vous le rappelle, largement financés par la Confédération Européenne des Syndicats (soit l’U.E).

Il faut donc que la Base se saisisse de cet événement et impose aux dirigeants syndicaux l’organisation d’une grève générale avec ces revendications, et une volonté de servir les peuples par le biais d’une grève générale.

Et vous, que ferez vous le 14 Novembre ?

Donnerez vous encore votre sueur à des briseurs de rêve ?


Pour comprendre les revendications, rien ne vaut une bonne conférence sur le sujet Européen.


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