mardi 23 juillet 2013

Tel un funambule, sur ma ligne de vie...

Il y'a quelques années, je composais une chanson intitulée "Pour regarder loin", où j'évoquais le fait que nous n'étions que des funambules marchant sur nos lignes de vie.

Façon poétique (enfin je l'espère) de signifier que nous composons avec nos fragilités, souvenirs et névroses plus ou moins conséquentes, pour avancer dans la vie.

Nous avons tous connus dans notre parcours des accidents qui s'avéraient de toute façon prévisibles, mais dont nous ne pouvions prévoir ni le moment, ni l'intensité du bouleversement psychique que cela pourrait entraîner. C'est souvent l'occasion d'une remise en question et pour certain(e)s, le désir de se dépasser sur des choses qui nous tiennent à cœur, mais dont le climat social et psychologique dans lequel nous faisions face jusque là, contraignait une part de notre disponibilité mentale à y mettre tout notre temps autant que notre cœur.

Cette redondance émotionnelle qui vient cycliquement nous bouleverser dans nos habitudes et notre attentisme, je viens de la subir il y'a quelques jours. Je n'en préciserais ni les faits, ni les déclinaisons, cela fait parti de l'intime que seuls mes proches ont "le privilège" de connaître.

Toujours est-il que cela me pousse à partir sur Paris durant un mois, pour me rapprocher d'une part de ma sœur, et d'une autre part, tenter de reprendre les commandes de ma vie, tel que je l'entends. Cela m'a permis aussi à travers des discussions teintées de psychologie à revenir vers un sujet qui m'ont toujours passionné, mais que je n'ai plus vraiment eu l'occasion de méditer avant mon immersion politique.

Il s'agit de l'âme. 

Étrange objet métaphysique qu'est l'esprit.  Sans doute par ce que je crois en un dessein intelligent, je postule que l'âme existe et qu'elle est indépendante de la chair. Le corps est un moyen de transport organique pour expérimenter la vie, avec toutes les contraintes que posent un ensemble de molécules à même de nous émouvoir de différentes façons (tristesse, joie, colère, etc).

Il y'a en outre le conditionnement culturel qui apporte une bonne part de nos mécanismes psychiques face à différentes situations de stress.

Mais il reste le Moi profond. Cette petite flamme qui analyse son environnement de façon neutre et objective, et que le bruit de fond biologique et culturel contraint à ne pas être écouté par ce qui fait notre identité d'individu sensible.

Comme tout le monde, il y'a des moments où j'ignore volontairement ou involontairement le raisonnement de la matrice de ma psyché. Mais j'essaye néanmoins de lui être le plus fidèle que possible, ne serait ce que dans ma façon d'appréhender la vie, en agissant sur les choses auxquelles j'ai un pouvoir, et rester serein face aux contraintes sur lesquelles je ne peux rien. Il est d'ailleurs paradoxal que je crois avoir le pouvoir de contribuer à changer le monde, et en tout cas mon pays, alors que les gens qui se disent raisonnables me disent souvent que résister à un système est du temps perdu. Ils ont sans doute raison, mais mon âme me hurle que cela est faux et que j'ai bien la capacité cognitive et physiologique de contribuer à la défaisance d'un système moribond. Ou c'est de la bêtise, ou c'est de l'égo surdimensionné, ou c'est de la confiance en soi. En tout cas, il y'a en moins plus qu'une flamme mais bien un puissant brasier qui me pousse à agir contre les évidences du commun des mortels.

J'essaye souvent de me contempler réfléchir avec un regard extérieur pour comprendre mes propres mécanismes, et les comparer aux autres êtres vivants, les êtres humains en particulier.

En discutant tout à l'heure avec un ami, je me posais la question de ce qui pouvait générer du conditionnement intellectuel pour les racistes et les antifas, au point d'abolir leur sens critique. Car ces gens ont l'habitude de ranger le monde dans une petite boite, pour savoir quel comportement et processus mental à adopter en conséquence. Par exemple, la volonté pour un Français de sortir de l'euro est pour l'antifa une thèse réactionnaire quand le pragmatique y voit une question monétaire et même démocratique.

En rangeant ainsi l'eurosceptique dans la petite boite du réactionnaire, notre antifa peut visualiser son contradicteur dans une arborescence intellectuelle lui déplaisant par conditionnement, et éviter ainsi s'extraire de sa propre petite boite d'antifa pour réfléchir sur le monde avec un raisonnement dépollué des mystiques communautaires.

Pour le moment, nous n'en sommes qu'à l'aspect bêtement culturel du fonctionnement de notre cobaye antifa. Mais se pose alors la question dans mon esprit : Si d'autres personnes et moi-même, sommes capables de raisonner au-delà d'un code de pensées lié à une appartenance communautaire spécifique, pourquoi d'autres gens n'y arrivent pas. Est ce que le seul conditionnement peut tout expliquer ? Je ne le crois pas tout simplement par ce que comme les autres êtres humains, un ensemble de paramètres sociaux ont eu vocation à me conditionner. Et d'ailleurs je le suis certainement en partie. Mais j'ose prétendre avoir la capacité de dépasser mes propres conceptions intellectuelles par le jeu de l'empathie et du plaisir de l'analyse.

Ce qui est une marque d'intelligence ou de conscience comme dirait mon ami Michel, n'est pourtant pas un bien universellement partagé. Si toute ma vie me prouve que ce n'est pas ma pleine conscience d'un système qui m'a permis de m'émanciper, je reste riche de ma culture acquise sur un ensemble de domaines très distincts les uns des autres. Etre conscient ne signifie donc pas l'essor social, mais je ne suis pas bien sûr que la bêtise soir un meilleur ascenseur.

Car, et ce sera la fin de mon propos, en postulant que l'âme existe, je postule aussi l'inégalité des âmes. Je pourrais en formuler quelques raisons comme le cheminement de l'âme au travers de multiples expériences de vie, mais je préfère en garder une conviction intime : Dieu a volontairement dissocié son entité en multiples âmes d'inégales capacités de maîtrise sur le corps et le conditionnement mental, pour obliger une minorité relativement au fait de sa puissance intellectuelle, à se dépasser contre une majorité faible psychiquement.

C'est un tabou pour chacun d'entre nous que de reconnaître nos qualités. Ce serait manquer de modestie. Mais la notion de tabou est elle même un conditionnement culturel, une valeur morale. Si l'on accepte d'éluder un peu ce qui est bien ou non, peut-être peut-on s'accorder de croire un peu en soi et être en paix avec sa propre identité...

 



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