lundi 10 février 2014

Enfin l'éveil au Front de Gauche ?

Lorsque l'Abbé Sieyes publie "Qu'est-ce que le Tiers-Etat" en janvier 1789, il n'imagine sans doute pas que son texte sera celui qui inspirera le plus la Révolution Française. Les grands principes directeurs de sa pensée sont alors de considérer que le Tiers-Etat forme la Nation, puisqu'il représente l'essentiel de la population. Nation dont il va aussi définir l'entité politique qu'elle représente et en quoi elle doit être libre de déterminer les droits et les lois qui favoriseront son bien-être, en dépit des puissances d'argent.

Bien que Robespierre le détestera, et que chaque clan politique finira avec le temps par se réclamer de sa pensée, on peut dire qu'il invente la Gauche Française puisqu'il défendra l'idée qu'il revient au Peuple de gouverner. La Nation est ainsi clairement un des grands mythes fondateurs de la Gauche. La droite ne finira par l'accepter que lorsqu'elle cessera de défendre le principe de Monarchie pour socle institutionnel.

Plus de deux siècles ont passé, et aujourd'hui, force est de constater que la Gauche Française est très loin de ses mythes fondateurs, et même de la pensée de ses plus illustres représentants comme Jean Jaurès qui expliquait à juste titre "qu'un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène".

L'Union Européenne est plus que "beaucoup d'internationalisme" puisque cette institution aujourd'hui défendue bec et ongle par la gauche, piétine pourtant son principe fondateur qui est de laisser les Nations déterminer elles-même leur politique intérieure, cela afin de tendre vers le progrès social. Il faut dire que même les communistes les plus sérieux le comprennent parfaitement, bien qu'on leur attribue la pensée internationaliste. Cuba, la Chine, la Corée du Nord sont peut être critiquables sur de nombreux aspects, mais pas sur leur volonté de détruire leurs propres pays sous le joug d'un internationalisme mal compris. Ainsi, si les dirigeants de gauche dans leur doctrine "Anti-France" entendent par internationalisme le mot "Supra-Nationalisme", les citoyens de gauche les plus éduqués, savent que l'internationalisme véritable commence par l'exemplarité en son propre pays sur le progrès social et démocratique, et la façon de considérer les échanges commerciaux avec les autres Nations, en fonction d'une certaine réciprocité, ou d'avancées sociales et environnementales à promouvoir comme l'encourageait la Charte de la Havane.

Ce qui signifie qu'être de Gauche aujourd'hui doit mener à pourfendre les institutions profondément capitalistes que sont l'Union Européenne, le FMI, la Banque Mondiale et l'OMC, jusqu'à souhaiter leur démantèlement. Les peuples n'ont aucunement besoin de ces entités pour faciliter leur diplomatie et leurs relations commerciales les plus harmonieuses que possibles. Ils n'ont besoin que de l'intelligence de leurs diplomates et de la puissance sociale des Nations pour encourager la voie du progrès dans ces partenariats à tisser.

Dans l'horizon médiatico-politique actuel, on ne pouvait donc que se désoler d'un discours clairement européïste de la part du Front de Gauche, tant par la pute du Parti Solférinien qu'est Pierre Laurent (et je pèse mes mots), que par le grand tribun qu'est Jean-Luc Mélenchon qui n'assume pas ce qu'il sait profondément : Il est temps de sortir de l'Union Européenne.

Cependant, louons le P.O.I, le P.R.C.F et le Mpep d'avoir insufflé dans les rangs du Front de Gauche un débat qui semblait censuré par la simple association d'idée médiatique tendant à faire croire que la restauration du Franc (et tout ce que cela signifie en arrière fond) serait le point de vue unique du Front National. Jean-Luc Mélenchon sait pertinemment à travers toutes une série de penseurs et économistes de gauche que sont Jacques Sapir, Jacques Généreux ou Frédéric Lordon et dernièrement Aurélien Bernier, qu'il faut en finir avec l'Union Européenne et que si Traité Européen il doit y'a avoir, cela ne peut se faire au mépris de la Liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, et des réalités économiques et monétaires propres à chaque Nation.

Fort de cette dissidence de pensée qui par capillarité, ne pouvait que faire son chemin au sein du Front de Gauche, des partisans de ce mouvement viennent de créer "un réservoir à idées" (je déteste les anglicismes) nommé "la Gauche d'opposition".

Son constat est simple et sans appel : C'est entretenir les défaites électorales, particulièrement au profit du Front National que de ne pas clarifier la position du Front de Gauche sur la dénonciation des traités européens et de l'euro. Ce mouvement souhaite donc soutenir les positions claires des penseurs et économistes cités plus haut, afin visiblement que le Front de Gauche fasse sa propre révolution idéologique, à même de le porter au pouvoir.

Evidemment, il est nécessaire de garder un œil critique sur ce qui pourrait cependant devenir le séisme politique majeur de notre pays si une certaine constance est maintenue dans ce mouvement.

D'abord, stratégiquement et cela à court terme, on ne peut éluder le fait que les dirigeants du Front de Gauche savent que les élections européennes auront deux grands gagnants : l’abstention et le Front National. Abstention à laquelle j'appelle pour ma part, mais qui ne profitera en tout cas pas aux députés européens que souhaiteraient placer le Front de Gauche. 

La seconde dimension stratégique s'inscrit en fonction des élections présidentielles de 2017, où il est vraisemblable que le Parti Solférinien sera balayé par la colère des Français, ce qui ne signifie pas pour autant que cela sera au profit de l'UMP dont le vide idéologique et le déclin démographique de ses partisans (majoritairement âgés) achève de tuer ce parti de fripouilles.

Il est donc plus que probable que le Front National profitera de cette situation politique en 2017 pour atteindre le second tour, mais aussi le Front de Gauche. La logique voudrait que les eurobéats de l'UMP, du Centre et du PS seront prêts à se fédérer pour être au second tour et laisser une chance à leur projet de démantèlement de la France de survivre, cela sous le mensonge du "rassemblement républicain".

Dans les deux cas de figure, le Front de Gauche n'aura pas d'autre choix que de tirer son épingle du jeu en tirant un trait à son propre européïsme, aussi alternatif qu'il puisse être, car comme l'expliquent parfaitement nos amis de "la Gauche d'opposition" dans leur texte fondateur :

"Nous ne pourrons pas changer l’Europe de l’intérieur. Comme l’ancien régime n’était pas réformable en 1789. Les traités sont devenus des lois fondamentales intouchables au service du marché. Le traité de Lisbonne nécessite l’unanimité de 28 pays ne serait ce que pour le plus simple amendement. Or ce n’est pas mentir que de dire qu’un gouvernement du Front de Gauche ne réussira pas à convaincre l’ensemble des pays européens. Ainsi, de facto, vouloir modifier l’Union européenne signifie tout simplement la quitter".

Lorsque j'ai relayé sur Facebook le lien vers le site de ce mouvement interne au Front de Gauche, les critiques ont vite fusé sur l'aspect râtelier de cette officine qui devrait convaincre les eurolucides de se joindre aux eurobéats du Front de Gauche, pour ensuite donner nos voix au PS. Il est probable effectivement que Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent y voient cette possibilité, mais les eurolucides qu'ils viennent du Front de Gauche ou d'ailleurs ne pourraient en aucun cas tomber dans ce piège, tant l'analyse économique et démocratique qui est la leur, ne souffre d'aucune concession politique à ce sujet.

A ce titre, je pense que cette critique quand bien même justifiée par l'expérience à travers l'appel à voter "contre Sarkozy" donc "pour Hollande" de Mélenchon en 2012 ou encore les alliances avec le PS pour les municipales du PCF actuel, ne pourrait pas marcher. Car nous sommes maîtres de nos votes, et totalement certains de nos convictions.

Je pense pour ma part qu'il convient de soutenir ce mouvement au sein du Front de Gauche et lui donner autant de poids que possible pour faire basculer le Front de Gauche du bon côté de la résistance.

Cependant, je garde en tête deux critiques fondamentales qu'il me parait nécessaire de formuler :

1) En continuant de positionner le curseur de la réflexion économique et institutionnelle qu'il convient d'avoir s'agissant du devenir de l'Union Européenne sous le prisme de "La Gauche", on oppose encore les Français en fonction de ce qu'ils perçoivent de leur opinion politique personnelle, et quel nom ils lui donnent. Bien des gens qui se disent de droite s'avèrent finalement des gauchistes qui s'ignorent, de la même façon que nombre de gens qui se revendiquent de gauche, sont les plus fervents défenseurs du capitalisme le plus dérégulé et d'un fascisme d’État sans le savoir. A ce titre, je considère que "la Gauche d'opposition" devrait à tout prix cesser d'entretenir le piège de la division entre les Français par un curseur qui n'a strictement aucune importance dans le fait de faire accepter à la Nation entière, la nécessité absolue de sortir de l'U.E, l'euro et j'ajouterais l'OTAN.

2) Si évidemment les sympathisants des partis politiques comptent sur les élections pour changer une donne économique et institutionnelle, je rappelle pour ma part que les urgences sont telles aujourd'hui (fin du pétrole, finance prédatrice, fascisme européen rampant, guerres au moyen-orient, etc) que nous ne devons pas attendre 2017 et espérer un séisme électoral pour sortir de l'U.E et l'euro. On a jamais vu un peuple faire la Révolution dans les urnes - en tout cas pas en France - et proposer une solution d'attentisme électoral alors que les menaces qui pèsent ou agissent déjà, sont d'une exceptionnelle gravité. Jamais notre civilisation n'a eu à relever autant de défis en un laps de temps si court, et lorsque j'entends un partisan me suggérer d'attendre une date lointaine pour voter dans l'espoir hypothétique que ce vote bouleversera la donne, je ne peux m'empêcher d'avoir envie de le secouer et le parachuter dans un pays en guerre pour lui faire comprendre, ce que cela signifie d'attendre.

En cela, je pense que tous les eurolucides qu'ils soient au Front de Gauche ou ailleurs, doivent se réveiller et appeler à l'insurrection de toutes les façons possibles. 

Une fois ces critiques posées, je me réjouis malgré tout de l'émergence de mouvement eurolucide au sein du Front de Gauche, et prédit qu'il signe définitivement la mort de l'Union Européenne, car il va enfin valider médiatiquement que sortir de l'euro ne peut en rien être qualifié de position de droite ou de gauche.

J'appelle ses fondateurs à ne surtout pas jouer avec les mots pour laisser des doutes, et chérir du plus profond de leur cœur, le mot FRANC, symbole politique ultime de notre Souveraineté à restaurer

Sylvain Baron

11 commentaires:

  1. L'UPR est aujourd'hui le seul mouvement concequent à proposer une sortie de lUE, de l'euro et de l'OTAN. Je me rejouirai que le front de gauche décide effectivement de fare de même.

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  2. Article qui perpétue la fausse opposition gauche/droite ! Si rassemblement il y a il doit justement se faire sur la Nation ! L'unité des patriote dissident ! Et cette unité doit forcement inclure le front national ! La majorité des petite gens vote pour ce partie et sa serait les mépriser encore que de ne pas le reconnaître ! D'autant que le FN de Phillipot n'a rien a voir avec le FN des années 80 ! Entre Valls et Phillipot , qui est d’extrême droite, qui est de gauche ? Union des patriote de tout bord ! Front de Gauche, Front National, UPR, Réseau Voltaire , ER ....

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  3. Bor cobe, pour ma part (et je l'ai précisé dans cet article), je considère que les affichages partisans sont une fausse bonne solution dans le sens où ils entretiennent le mythe électoral pour changer les choses.

    Cela à partir d'un constat clair :

    - Cela fait plus de 40 ans que les élections ne sont plus "libres et non faussées" à travers le prisme médiatique et les puissances d'argent qui influent sur la propagande d'un parti unique : l'UMPS.

    - Le clivage Gauche/Droite n'existe désormais que sur les questions sociétales où une moitié de population se laisse berner par ses points de vue "conservateurs" tandis que l'autre se fait berner par ses valeurs "libertaires". Nos politicards qu'ils soient au "Centre" ou dans les "extrêmes" jouent de ces clivages (sauf peut-être l'UPR) en agitant les questions de société. Ainsi, lorsque Jean-Luc Mélenchon encense le mariage gay, Madame Le Pen répond que c'est un crime contre la famille. Dans les deux cas, leurs partisans feront front uni derrière leur candidat au lieu de leur rappeler qu'ils n'ont pas à agiter de telles positions pouvant diviser les Français.

    - Le Front National comme le Front de Gauche, bien que mon analyse témoigne d'un bouleversement politique à venir, restent considérés par les Français comme des partis politiques inaptes à gouverner et extrêmes dans leurs position. Il ne peut y'avoir donc de solution à même de rassurer les Français en faisant la promotion de ces partis, puisqu'aucun des deux n'a la capacité de fédérer la Nation toute entière.

    - Enfin les difficultés actuelles sont tellement immenses et les urgences se réclamant de l'état de nécessité, il est nécessaire de mettre un terme à l'attentisme électoral pour plébisciter la voie insurrectionnelle (et pacifique) pour sortir de ce pétrin.

    Voici donc ma proposition à ce sujet :

    http://sylvain-baron.blogspot.fr/2014/01/500-jours-pour-tout-changer.html

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  4. maxlesouverainistelucide11 février 2014 à 10:30

    L'UPR existe depuis 7 ans, et vous venez seulement de voir la lumière, pourquoi ne pas vous rallié à ce mouvement nationale de résistance, le CNR d'aujourd'hui ?
    l’Union Populaire Républicaine (UPR) rassemble des Français, de droite et de gauche, dont les rangs grossissent rapidement. Notre point commun à tous, c’est que nous refusons l’asservissement de la France, et que nous posons la question fondamentale qu’aucun parti ni aucun média ne veut poser : Avons-nous oui ou non intérêt à rester encore dans l’Union européenne ?...... http://www.upr.fr/qui-sommes-nous

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    1. Non mais franchement, les poussins de la dernière couvée qui viennent tester les anciens historiques. Nullissimes.

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  5. Max, j'ai milité à l'UPR au tout début de son émergence. Si je ne milite plus, ça n'est pas sans raison.
    ;)

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    1. parce que l'UPR n'a pas voulu te laisser prendre le poste que tu voulais ? parce qu il n'a pas glorifié ta petite personne ?

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    2. Par ce que je ne suis pas de ceux qui misent tout sur un coup de poker électoral. J'ai arrêté de croire au père Noël il y'a bien longtemps, ce que les partisans d'Asselineau devraient aussi à mon sens méditer.

      Remettre sa confiance dans un parti politique, c'est se dédouaner de faire quelque chose concrètement pour résister. C'est fuir ses responsabilités face aux dangers que l'on connaît.

      Je n'ai pas besoin qu'on glorifie ma petite personne pour être heureux, j'ai besoin de pouvoir me projeter et avoir un contrôle sur ma vie. Asselineau lui cherche la gloire. Moi je m'en fous. Je souhaite juste me dire qu'il me sera possible de fonder une famille sans crainte qu'un jour mon gosse connaîtra la famine et le totalitarisme. Voila pourquoi je préfère l'activisme à la pédagogie. Et c'est aussi pour la même raison que ne nourris pas de prétention politiques, contrairement aux politiciens qui eux aiment satisfaire leur ego pour trouver une forme de bonheur.

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  6. Au tout début de son émergence ? Félicitation. Pour moi L'UPR est un espace de liberté qu'il faut combler. Il ne faut pas trop afficher ses opinions si elles peuvent être clivante et ne jamais perdre de vue l'objectif qui est d'argumenter pour sortir de l'UE. On ne peut pas afficher ses opinions sur le mariage pour tous ou sur Dieudonné par exemple quand on milite à l'UPR et c'est très logique mais il faut aussi que des mouvements comme le PRCF existe car je rencontre des personnes qui ne supporte pas qu'il puisse y avoir des gens de droite dans le mouvement. D'ailleurs le blocage est tel que bien souvent je n'ai meme pas le temps de leur dire qu'à l'extreme droite ils ne tiennent pas ce discours vis-a-vis des gens de gauche. J'ai quand meme l'impression que les gens d'extreme droite qui vienne dans l'upr deviennent rapidement modéré. Il faut bien se dire que nous devons tous vivre ensemble,alors autant que cela se passe pour le mieux en évitant les sujets qui fachent !

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  7. Quitter l'UPR qui n'a jamais changé de ligne politique et se fendre d'un article qui passe la brosse à excuses au FDG, quand ses magouilles électorales et ses ambiguités politiques ont participé à nous conduire là où nous sommes, est pour le moins signe d'inconstance et de versatilité qui me laisse dubitative sur les intentions politiques réelles. Si on ne peut rien reprocher au POI, au PRCF et au MPEP aux lignes politiques constantes, il n'en est pas de même, loin s'en faut, pour le FDG. Non, le capital sympathie que suscite Mélenchon ne peut pas tout excuser. Lorsque je vote, je ne me contente pas d'acheter un bel emballage. Je fouille au fond.

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