dimanche 9 mars 2014

Quand François Fillon fait propagande pour le FN...

Avant d'entamer ce billet, il me semble utile de signifier une pensée que je partage avec un certain nombre de personnes eurolucides :

LES FRANÇAIS SONT TOUS DE GAUCHE !

Je suppose que déjà certains lecteurs sont en train de s'étrangler en lisant mon introduction, mais tout est affaire de définition. On peut considérer qu'être de Gauche, c'est globalement croire en l'idée qu'il est nécessaire pour une société de s'organiser non sous le régime de la cupidité propre à chaque individu, mais bien en considérant qu'en tant qu'êtres naturellement sociaux et interdépendants, il est nécessaire de développer des institutions et entreprises qui bénéficieront à la collectivité et dont cette dernière aura la main-mise sur leur bon fonctionnement à son profit. Cela bien sûr sans tomber dans la caricature d'une économie soviétisante.

J'élude ici totalement les points de vue sociétaux qui divisent actuellement la Nation en fonction de ce que le système politico-médiatique veut nous présenter du clivage "Gauche/Droite", car ces derniers n'ont rien à voir avec l'organisation économique et sociale appréciée par la majorité des Français, peu importe leurs points de vue "partisans".

La Nation dans son immense majorité n'est pas composée de riches rentiers ne s'intéressant qu'à leurs profits, mais bien façonnée d'une foule d'individus cherchant à joindre les deux bouts, et attendant que l'Etat se montre aussi planificateur que possible pour lui garantir un haut degré d'élévation sociale. Cela tient de notre Histoire, et l'on pourrait dire que le peuple est de Gauche depuis que St Louis se mit un jour en tête de rendre la Justice sous son chêne.

Une fois cette clarification faite, on peut dès lors comprendre pourquoi le Front National siphonne peu à peu les voix des électeurs lassés d'un ultra capitalisme oppressant, que les partis qui s'arrogent le monopole de la pensée de gauche, souhaiteraient conserver sous leur giron.

Maintenant, si l'on gratte un petit peu en fouillant dans le programme économique du Front National, on pourra constater que derrière la propagande médiatique de la S.A.R.L Le Pen, on ne remet pas vraiment en cause le système capitaliste actuel, pas plus que l'U.E, cela va sans dire. Lire un autre billet que j'avais rédigé à ce sujet ici.
Cependant, il faut reconnaître un certain talent à Mme Le Pen dans sa communication pour faire passer le F.N comme un parti de gauche sans le dire, à partir de quelques thématiques clés comme la défense de la Souveraineté Nationale et un certain encadrement de l'économie. Voila donc ce qui pour le brave prolo scotché devant son téléviseur, va pouvoir transformer le FN de parti pourtant clairement de droite, en gentillet parti de gauche.

François Fillon pour sa part, aussi traître qu'il soit vis à vis de la Nation, n'en est pas moins éduqué politiquement. Il sait que le peuple Français est bien de gauche concernant les thématiques exposées plus haut. Cependant, un certain nombre de gogos qui ne vivent que pour afficher leur "identité de droite", seraient forcément tentés de voter FN puisque ce parti est présenté par les médias comme étant "d'extrême droite". Et ça emmerde quelque peu l'UMP qui voyant son électorat (franchement âgé) s'effondrer rapidement, est contraint de dépêcher un émissaire pour effrayer cet électorat qui se croit de droite et peut donc être tenté par le vote Marine Le Pen. Et la meilleure façon de faire peur à un partisan exalté de "droite", c'est de lui dire qu'il s'apprête à voter pour l'extrême gauche !

C'est en tout cas l'exercice auquel s'est adonné François Fillon le 7 mars dernier dans un discours donné à la Mairie de St Mandé. De façon assez hallucinante, on le voit dire très clairement que le FN est un parti d'extrême gauche, avant de dérouler le programme de ce parti dans ce qu'il pourrait avoir de plus plaisant (si toutefois, on s'épargnait d'en faire une analyse réellement détaillée). Tout y passe : Dénonciation du grand capital et de la mondialisation, retour à la retraite à 60 ans, augmenter les dépenses publiques et créer de l'emploi public, bref, pour qui comprend l'économie réellement sous un angle social, on se demande s'il ne souhaite pas pousser les Français à voter F.N

François Fillon va aussi révéler une grande vérité politique en dénonçant le soit-disant euroscepticisme du FN, lorsqu'il signifie que "sortir de la monnaie européenne serait un suicide collectif par ce que cela signifierait la désintégration immédiate du projet européen".

J'élude ici son petit terrorisme intellectuel sur la question de la sortie de l'euro, c'est un exercice de com habituel (et mensonger) des européïstes. Je ne retiendrais que la vérité qui conclue sa déclaration : Sortir de la monnaie européenne signerait bien la désintégration immédiate du projet européen. Car l'euro encore une fois n'est pas à proprement parler un outil monétaire, mais un OUTIL POLITIQUE !!! L'entièreté de l'U.E ne repose que sur ce symbole politique qui vise à nous faire croire que nous serions "européïstes" et unis par une même monnaie. Dénoncer l'euro activement, c'est défoncer l'Union Européenne.

Voila pourquoi, même un Front National qui ne dit rien de concret sur la restauration de notre monnaie nationale et encore moins sur la sortie des traités, peut malgré tout s'il devait arriver au pouvoir, mettre un terme à cette oppression supra-nationale. Non pas par ce que les cadres du FN le souhaiteraient réellement. Mais par ce que si Marine Le Pen était portée à la Présidence de la République (ce que je ne souhaite pas personnellement), les millions de Français qui l'auraient élue sur la base de sa propagande à ce sujet, se montreraient très en colère si elle se défaussait ensuite. La pression populaire serait trop forte, puisque le symbole même de l'euro serait considéré comme celui d'une oppression pour la majorité des Français, et qu'ils attendraient de Mme Le Pen qu'elle respecte son engagement quant à nous sortir de ce mécanisme monétaire.

Je ne m'étendrais pas sur le reste des logorrhées de François Fillon qui nous annonce un péril asiatique ayant l'ambition de dominer économiquement et militairement le Monde. C'est non seulement contestable tant dans l'actualité que dans un exercice de prospective économique un peu sérieux. En outre, ça n'est rien d'autre que la continuité de son terrorisme intellectuel pour faire peur aux braves gens qui ne disposent pas d'une bonne éducation géopolitique et économique. Il finira d'ailleurs par un autre sophisme tout aussi éhonté visant à faire croire que quitter l'euro ferait fondre notre épargne. Ca n'est évidemment pas le cas dès lors que le démantèlement de l'euro serait organisé avec des régimes de protection et de rémunération des petites épargnes qui puissent contrecarrer les effets attendus d'une dévaluation du nouveau Franc, ou de la dénonciation d'une partie de notre dette souveraine.

Mais évidemment, François Fillon se garde bien d'expliquer ces mécanismes, puisque le but est encore une fois de terroriser les petites gens. Quoi qu'il en soit, en sachant qu'il y'a de moins en moins de Français qui sont en capacité d'épargner au vu de la hausse continuelle du chômage, je retiens simplement que la première partie de son laïus est un véritable cadeau électoral offert à Mme Le Pen.



vendredi 7 mars 2014

Lettre ouverte à tous les syndiqués de France

Je n'irais pas par quatre chemins : J'appelle tous les Français, et en particulier ceux qui militent activement dans des syndicats à organiser une grande grève générale en France. Les revendications seront très simples :

1) Obtenir un référendum contraignant dans les trois mois, afin de savoir si les Français souhaitent rester dans l'Union Européenne, ou quitter cette institution supra-nationale à la solde d'intérêts privés, étrangers et financiers.

2) Suspendre provisoirement l'application de tous les traités jusqu'à ce que le Référendum permette de savoir quel destin souhaite se construire le peuple Français quant à son indépendance nationale et le respect ou non de sa Souveraineté.

3) Démanteler provisoirement l'euro en restaurant d'une part le contrôle des capitaux, un taux de change de « l'euro-franc » qui soit favorable au maintien des emplois en France, et enfin la possibilité d'emprunter directement auprès de la Banque de France sans taux d'intérêt, les capitaux nécessaires à la stabilisation de notre déficit public, ainsi qu'à la relance industrielle du pays.

4) Sortir unilatéralement et sans référendum de l'OTAN

Je suis totalement conscient que ces sujets pourtant éminemment techniques et détachés des points de vue gauche/droite, sont considérés à tort comme des positions droitières du fait de la propagande qui nous imposerait « une mondialisation inévitable », et que la refuser serait du « repli sur soi ».

Néanmoins, des organisations comme le Mouvement politique d'émancipation populaire, le Parti Ouvrier Indépendant, le Pôle de Renaissance Communiste Français et dernièrement « La Gauche d'opposition » témoignent qu'il y'a à gauche de l'échiquier politique, toute une dissidence intellectuelle qui préconise la sortie pure et simple de l'U.E comme préalable à toute politique sociale et environnementale réelle.

Plus au centre, des mouvements Gaullistes comme l'Union Populaire Républicaine ou Debout la République préconisent les mêmes nécessités. Enfin bien sûr, reste le sur-médiatisé Front National qui se fait un plaisir de mélanger ces questions fondamentales de Souveraineté Nationale à des thématiques plus sulfureuses comme la restauration de la peine de mort ou une politique migratoire plus ferme.

On sait que plus de 30 % de l'électorat de ce dernier parti politique est clairement ouvrier. A moins de considérer que 7 Millions d'électeurs et en particulier un grand pan de la jeunesse et de la masse ouvrière Française n'ait sombré dans le racisme et certaines thèses réactionnaires, il faut bien entendre que c'est le silence de la gauche protestataire la plus visible et des dirigeants nationaux des syndicats sur la nécessité de sortir de l'euro, qui a conduit le Front National à devenir la troisième force politique Française et risque bien d'en faire la première en considérant le rejet de plus en plus massif des Français de l'européïsme flagrant du P.S et de l'UMP.

Il faut bien se rappeler que notre Non au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen du 29 Mai 2005 a été violé autant par le P.S que l'UMP, puisque ces derniers ont voté comme un seul homme le Traité de Lisbonne à l'assemblée nationale le 7 février 2008.

Le Syndicalisme, même s'il se défend d'accointances partisanes reste un combat éminemment politique pour défendre les droits des travailleurs et améliorer leur condition sociale. Or, la première garantie d'amélioration du niveau de vie des travailleurs, c'est tendre vers le plein emploi. Celui-ci amène de fait à une pénurie de main d’œuvre qui oblige les employeurs à évaluer à la hausse les salaires pour attirer plus facilement cette main d’œuvre manquante. Or, les traités européens sont une gigantesque fabrique du chômage de masse, donc de nivellement des salaires par le bas, de moins disant social, et au final de la destruction de tout ce qui avait permis le boom économique Français des années 1950 à 1980.

Commençons par le taux de change de l'euro qui est impossible à contrôler par les autorités Françaises et qui est en vérité fixé par les marchés. C'est un cours flottant qui est largement favorable à l'Allemagne, du fait que ce pays à un grand nombre de retraités très exigeants sur la rémunération de leur épargne, et les spécificités industrielles germaniques qui monnaie forte ou non, permettent à notre voisin d'outre Rhin d'exporter sans problème ses voitures de luxe ou ses machines-outils partout dans le monde.

La France a des contraintes industrielles, démographiques et salariales qui sont toutes autres, et nous avons besoin de recouvrer une monnaie dont la valeur serait à peu près à parité avec le Dollar pour rééquilibrer notre balance commerciale, et permettre ainsi de sauver des millions d'emplois.

L'autre problème de l'euro, c'est notre incapacité à contrôler les flux de capitaux sortants et entrants en France. L'euro ne peut fonctionner avec un contrôle des capitaux aux frontières, puisqu'il a cours sur l'ensemble de la zone euro. Mais en vérité, cette absence de contrôle de capitaux l'est tant pour les Etats-Membres de l'U.E que ceux extérieurs à cette institution. Ainsi, il n'est pas possible d'empêcher un industriel Français de sortir des centaines de millions d'euros de France, afin de délocaliser sa production en Pologne, en Chine ou en Inde. De la même façon, il n'est pas possible d'empêcher un certain M. Mittal de racheter des fleurons de la métallurgie Française, pour ensuite les dépecer. De la même façon, il n'est plus possible d'empêcher les évasions fiscales de certains Cahuzac et consorts. Encore de la même façon, il n'est plus possible d'empêcher un riche prince Qatari d'acheter des appartements parisiens, et contribuer à la hausse le coût de l'immobilier dans la Capitale.

Le contrôle des capitaux qui est expressément interdit par l'article 63 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union Européenne, nous saigne et rend tout aussi exsangues les autres pays d'Europe. Car ce qui n'est pas expliqué dans la fameuse crise de l'euro, c'est que des capitaux Grecs, Espagnols, Italiens, Chypriotes ou Maltais fuient ces pays pour converger en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, et à moindre mesure en Suisse. Si le contrôle des capitaux existait à nouveau pour chaque Nation Européenne, la crise financière serait en grande partie réglée structurellement, même s'il resterait beaucoup à faire.

Sortons maintenant du problème de l'euro, car il y'aurait encore trop à dire notamment sur la privatisation de la création monétaire imposée par l'article 123 du Traité de Lisbonne, et entrons maintenant sur l'autre énorme problème que pose cette institution :

Le Libre Échange.

Les articles 28 à 32 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union Européenne, nous interdisent strictement d'appliquer des régulations douanières ou réglementaires vis à vis de produits fabriqués dans des Etats Membres de l'U.E. Or, l'essentiel des importations (hors pétrole) de la France se fait au sein de l'Union Européenne. Ce qui signifie que nous sommes délibérément mis en compétition avec des pays où l'équivalent du SMIC (quand il y'en a un) peut être inférieur à 500 €. Rappelez vous, c'était le 3 août 2012 : M. Montebourg partait en guerre contre les importations de véhicules Coréens, en demandant gentiment l'autorisation à Karel de Gucht, Commissaire Européen Flamand ultra libéral, de négocier pour nous des restrictions douanières favorables à la France avec la Corée du Sud.

Voila ce que répondra le dit Commissaire (dans les faits, Ministre du Commerce de la France) à M. Montebourg :

"Même si les importations de voitures en provenance de Corée du sud ont effectivement augmenté depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange le 1er juillet 2011, les chiffres montrent que cette augmentation n’est pas concentrée uniquement sur la France. La France ne peut pas, seule, redistribuer les cartes du commerce mondial. Comment réindustrialiser la France avec les problèmes des 35 heures et celui des coûts salariaux ? Je n’ai pas l’impression que monsieur Arnaud Montebourg s’intéresse vraiment au long terme  mais plutôt à l’instant présent".

Non seulement il s'agissait d'une fin de non recevoir adressée à un Ministre Français de la part d'un fonctionnaire Européen n'ayant aucune légitimité électorale à faire valoir, mais en plus, ce dernier proposait comme seule solution de réduire les salaires et augmenter les heures de travail des Français.

L'affaire ne s'arrêta pas là car quelques semaines plus tard, Patrick Gouvernnec, patron de Hyndai en France, expliquait au micro d'Europe 1 que seulement 10 % des véhicules de cette marque étaient importés de Corée. L'essentiel était fabriqué en Europe, et notamment en République Tchèque. Le Smic dans ce dernier pays est de 327,57 € !!!

Ainsi l'U.E met en concurrence les travailleurs en Europe et il est une utopie de croire que l'on pourra remanier les traités pour à minima niveler les salaires par le haut pour différentes raisons :

D'abord par ce qu'il faut que 28 conflits d'intérêts soient d'accord à l'unanimité pour modifier ne serait ce qu'une virgule d'un traité. Ensuite, par ce que des Pays comme la Pologne, la Bulgarie ou la République Tchèque, auraient justement plus à perdre à augmenter leurs salaires au niveau de celui des Français, tant pour des contraintes économiques évidentes, que du fait qu'ils perdraient leurs avantages compétitifs.

Le Traité de Lisbonne qui n'est qu'une aggravation du Traité de Maastricht est encore une fois le démantèlement organisé et systématisé des Nations et de leurs aspirations à l'élévation sociale. Les patrons voyous de grandes firmes industrielles et les financiers se frottent les mains sur ces traités, car ils soufflent à l'oreille des Commissaires leurs "Christmas List" pour façonner les directives.

Ces traités sont par essence ultra capitalistes et dénoncer les cures d'austérité imposées par notre gouvernement, c'est passer à côté du vrai problème : L'Union Européenne.

Si nous étions encore un pays Souverain, M. Hollande pourrait appliquer des restrictions douanières vis à vis de produits que nous pourrions fabriquer en quantité et en qualité similaires en France. Si nous étions un pays Souverain, M. Hollande pourrait bénéficier du contrôle des capitaux pour empêcher les délocalisations. Si nous étions dans un pays Souverain, aucun Commissaire Européen ne se permettrait de dicter à nos élus la politique de la France. Si nous étions un pays Souverain, notre politique monétaire nous permettrait de sauver des emplois par millions et stabiliser voir réduire mécaniquement notre dette, car nous serions indépendants des marchés.

S'attaquer au Gouvernement, c'est s'attaquer au sous-fifres du Système. C'est s'attaquer aux conséquences des Traités, mais pas à ces derniers. Pour toutes ces raisons, je supplie tous les salariés de France qui n'en peuvent plus d'assister à cette hémorragie des emplois et au démantèlement de nos acquis sociaux, à s'insurger contre l'Union Européenne.

J'en appelle encore une fois à tous les Syndicalistes de notre pays, pour qu'ils organisent au plus vite une Grève Générale Massive avec les revendications exprimées plus haut. Dans l'espoir que mon appel sera entendu, mes amitiés fraternelles à tous,

Sylvain Baron