lundi 17 novembre 2014

Les "Anti-FN", ces alliés objectifs du Front National

De nombreuses personnes, se revendiquent de la lutte "anti-FN" en France et si l'on peut considérer que leur point de vue politique est tout à fait respectable et mérite d'être entendu, un grand nombre de ces personnes sont par leurs comportements les meilleurs alliés objectifs du Front National, ce que je souhaite démontrer ici.

Tout d'abord, placer le curseur sur la lutte contre le FN, c'est incidemment signifier que quiconque vote pour le Front National pense mal, en tout cas pense moins bien que soi. En République, personne ne peut être discriminé sur ses opinions politiques, c'est même réprimé par l'article 225-1 du Code Pénal. Au-delà de ce que dit la loi, personne n'aime que l'on fasse une leçon de morale sur ses propres opinions politiques, il en va de même pour l'électorat du FN.

A ce titre, la première bonne façon de lutter contre le Front National est d'éviter de se mettre en porte à faux avec son électorat en lui faisant sous-entendre qu'il penserait et voterait mal. Sauf à considérer comme normal le fait de diviser la Nation et faire de plus de 7 Millions d'électeurs (dont l'écrasante majorité n'a rien à voir avec la frange raciste devenue minoritaire au FN) des citoyens de seconde zone. 

Deuxième point, on ne lutte pas contre le Front National en faisant un blocage de principe sur toutes les idées qu'il porte. On ne peut remettre en cause que sa capacité à gouverner mieux que les autres pour le discréditer.

D'abord soyons clairs. Je suis moi-même un opposant au FN, mais je n'hystérise pas sa nocivité. En imaginant que le FN prenne le pouvoir, je n'imagine ni Goulags, ni Etat plus policier qu'il ne l'est déjà aujourd'hui, ni chasse à l'arabe organisée dans les quartiers, pas plus qu'on n'enverrait dans de sinistres hôpitaux psychiatriques des homosexuels ou transexuels par exemple. Le Front National est devenu un banal parti conservateur, et véhicule les idées que le SFIO des années 30 pouvait revendiquer à son époque.

Et les idées "conservatrices" ne sont ni bonnes ni mauvaises, de même pour les idées "progressistes". Ce sont leurs exagérations qui sont propres à diviser. Mais oui, la majorité des Français sont plutôt conservateurs, c'est à dire qu'ils considèrent que la France c'est en premier lieu une Histoire et le seul cadre historique et territorial légitime pour établir les lois les concernant. La majorité des Français considèrent en outre que la famille est un cadre de base pour résister aux thèses néo-libérales et que la structure familiale ne tire son sens que dans ce qui a fondé le principe du mariage sur plus de deux millénaires (excusez du peu). Enfin, la majorité des Français considèrent que l'Etat à travers l'ensemble de ses institutions régaliennes, se doit d'assurer notre sûreté conformément à l'article 2 de la DdlH (le principe d'ordre).

A l'inverse, les "progressistes", essayent de bousculer un peu les idées pour éviter toute sclérose de celles-ci, en faisant valoir que le repli identitaire n'est qu'une forme de romantisme inutile pour tendre vers l'émancipation des individus. Les progressistes sont peu à l'aise avec la démocratie fonctionnant sur le principe de majorité, mais plus à l'aise sur le principe de Souveraineté Individuelle ou communautaire sur les structures Étatiques, du fait même que leurs idées sont souvent minoritaires, et que la seule façon de les faire exister est de pouvoir organiser le droit en dépit de la représentativité réelle des minorités sur le pouvoir de la majorité. En vérité, si l'on poussait le vice de l'analyse à la caricature, on pourrait aisément dire que les conservateurs sont les gens qui croient en l'Etat fort, et les progressistes comme les gens plus sensibles aux thèses anarchistes (dans le sens philosophique du terme).

Le problème étant que notre époque sous le poids de la doxa néo-libérale (qui n'est qu'un autre mot pour parler d'anarcho-capitalisme) relayé par tout un mainstream politico-médiatique promeut jusqu'à l'excès le point de vue des "progressistes" afin de mieux diviser la Nation et donc mieux régner. En s'appuyant sur l'exacerbation des identités communautaires (appelées "minorités") jusqu'à signifier que toute volonté de restaurer le principe d'unité nationale et le maintien de certaines valeurs ou traditions dans un pays qui a tout de même 2000 ans de construction politique s'apparenterait à des thèses réactionnaires, le fascisme d'hier qui se fondait sur l'excès de sentiment nationaliste a été remplacé par un fascisme anti-national. A savoir que le fascisme dans sa définition la plus large, traduit le fait d'imposer une doctrine par la censure, voir la répression de toute pensée contraire à la doctrine politique instaurée par les cercles de pouvoir.

Aujourd'hui donc, ce qui est dénoncé par les "conservateurs", c'est la dérive fascisante des "progressistes" du fait qu'en trouvant des cercles politico-médiatiques qui leurs sont favorables pour des intérêts purement capitalistes, ces derniers perdent le principe de respect vis à vis de leurs adversaires idéologiques alors que nous sommes toujours (jusqu'à preuve du contraire) en République, c'est à dire une structure politique et territoriale avec pour principe directeur l'Unité de la Nation et l'indivisibilité de celle-ci.

Sans réellement le comprendre, les "progressistes" sont les plus farouches opposants à la République. En rejetant les principes de Souveraineté Nationale et d'unité de notre Communauté Politique au profit d'institutions supra-nationales et de la Souveraineté des individus ou des communautés sur eux-mêmes, les progressistes contribuent au délitement de la Nation souvent à leur insu, et parfois en toute connaissance de choses.

Si le Front National progresse, c'est d'abord du fait de sa médiatisation extrême, là où des formations politiques autrement plus modérées ou radicalement à gauche de l'échiquier (U.P.R, S&P, M'pep, PRCF, POI) sont censurées du fait qu'elles se montrent plus pédagogues sur l'économie et les institutions que ne saurait le faire le F.N.

Les Français comprenant que l'UMP, le PS et leurs satellites après plus de 40 années de pouvoir sans partage, ont décimé les acquis sociaux et démocratiques du pays, cherchent donc une solution de secours qui quoi qu'imparfaite, reste "la moins pire" que de continuer avec un régime politique promouvant une certaine pensée unique, et trahissant les intérêts fondamentaux de la Nation.

Les Français plus éclairés politiquement refusent pour leur part de faire le jeu du FN, mais iront soutenir les formations politiques citées plus haut (voir des solutions non partisanes) et c'est à partir de là, que l'on tombe sur la difficulté pour eux à pouvoir discuter de façon apaisée avec "les progressistes" du pays, sans subir une série de fatwas et de points Godwin, du fait que le FN a largement contribué à salir un ensemble d'idées de telle façon à ce que des amalgames soient continuels dans ces débats et s'agissant personnes qui les animent.

En outre, la mouvance Soral (faux nez du FN) s'étant greffée dans le débat public en dénonçant l'influence de certaines corporations étrangères, religieuses ou ésotériques sur les institutions financières, médiatiques ou politiques, a généré une réflexion salvatrice (car jusque là rendue tabou par le mainstream médiatique), mais qui portée par une personnalité si grossièrement mégalomane, s'en trouve discréditée encore une fois par principe d'amalgame. Exemple simple, dénoncer l'intrication d'un micro morceau de la communauté juive en France sur les institutions politiques et médiatiques, revient être Soralisé et taxé d'antisémite automatiquement (donc fin du débat), alors que la réflexion ne portait pas sur une quelconque xénophobie à l'égard des juifs, mais bien sur un problème de démocratie. En effet, une minorité n'est pas sensée dans des institutions dites "représentatives" devenir une majorité. La notion de "démocratie représentative" implique dans son fondement que la réalité de la diversité de la Nation dans ses proportions démographiques et sociologiques soit fidèlement représentée à travers ses mandataires. Voila par l'exemple, comment un débat sur un problème démocratique très sérieux est immédiatement déporté (si j'ose dire) sur un problème tout à fait différent, tant du fait que ceux qui en parlent discréditent eux-mêmes la question par leur radicalité, leur comportement ou leurs sensibilités politiques affichées, que ceux qui s'opposent à ces derniers sont incapables de prendre du recul pour éviter la Godwinisation de ces débats essentiels.

La nouveauté réelle dans toute cette arborescence des idées en France est l'apport d'internet. En à peine 10 années, les réseaux sociaux ont permis à des millions de Français ne se connaissant pas et n'ayant aucune raison de se connaître, de pouvoir échanger leurs idées jusqu'à démontrer à quel point le bruit médiatique sur les sujets de prédilection des "progressistes" (xénophobie, thèses sociétales, rejet de l'Etat, vision angélique de la construction européenne) est réellement minoritaire, au-delà du prisme électoral.

Ainsi, les pages rassemblant les "conservateurs" démontrent une vitalité tant dans les échanges qu'à travers leur nombre d'inscrits alors que les pages dédiées à des thèses plus "progressistes" (anti-racisme, défense des minorités, féminisme ou adhésion à la construction européenne) rassemblent beaucoup moins de personnes qui pratiquent en outre l'entre-soi dans le débat d'idées. Ce schisme ne semble pas être compris par les "progressistes" du fait qu'ils considèrent leurs propres combats comme des évidences du fait que la propagande médiatique sur-expose leurs idées, là où les réseaux sociaux parlent de sujets tout à faits différents et propres à l'intérêt général (économie, géopolitique, démocratie, etc). De fait, "les progressistes" adoptent alors un comportement parfois proche du sectarisme en qualifiant leurs opposants (pourtant majoritaires) de toutes les fatwas en "conspirationnisme", "fascisme", "xénophobie", "homophobie", etc, ce qui achève de convaincre les "conservateurs" qu'ils ne sont certainement pas les plus radicaux en France, mais que leurs adversaires en revanche, deviennent à proprement parlé les ennemis ostensibles du consensus Républicain et d'un débat intellectuel un minimum sérieux.

Les "conservateurs" forment désormais la majorité d'opinions en France du fait même que l'abus jusqu'à la caricature des thèses "progressistes", a achevé de convaincre les personnes qui y étaient un tant soit peu sensibles, que leur "représentation" politique est l'alliée objective de toute l'oligarchie eurocrate et capitaliste qui nous asservit actuellement. Là où les conservateurs même les plus radicaux, sont plus ouverts aux débat et quoi qu'il arrive, les adversaires clairement affichés de la déstructuration de la Société Française autant que de l'Etat. De fait, pour chaque nouvelle fatwa ou censure d'un propos conservateur dans un débat sur les réseaux sociaux, le FN voit sa popularité augmenter, non par ce que ses idées les plus réactionnaires deviendraient soudainement un idéal politique pour ces Français déçus par ce climat détestable, mais par ce qu'il se pose comme la seule force politique suffisamment puissante pour forcer l'assainissement, quand bien même avec des contreparties idéologiques qui ne font pas consensus non plus au sein de la Nation.

A ce titre, les tenants de la lutte contre le F.N devraient totalement revoir leur copie. Car d'une part leur façon d'échanger avec les "conservateurs" eux mêmes opposés au F.N est trop souvent teintée d'irrespect, d'absence d'empathie et d'écoute véritable, au point de nourrir la colère de leurs "opposants" et au final la progression d'un vote de nécessité vers le Front National tant pour le salut de la République que pour punir ces "progressistes" radicaux. 

D'une autre part, par ce que des raisons tout à fait exogènes au débat politique Français, l'Union Européenne est une institution actuellement à l'agonie, ce qui signifie que lorsque celle-ci explosera pour des raisons essentiellement financières et géopolitiques, la majorité des Français préférera remettre sa confiance envers des personnalités ayant prédit depuis longtemps le démantèlement de l'Union Européenne, ce qui posera les "conservateurs" qu'ils soient de "gauche" ou de "droite" comme étant les seuls à même de pouvoir gouverner. Or, le prisme médiatique étant ce qu'il est, seul le FN restera la plus visible des formations politiques "contestant" (en apparence) le bien fondé de l'U.E et l'euro, là où les mouvements politiques plus sérieux et consensuels hostiles à l'U.E sont censurés et amalgamés aux thèses du F.N.

Ce qui signifie que non seulement les "progressistes" ont déjà perdu leur bataille, mais pire encore, à force de bâtir des murs entre eux et leurs opposants plus ouverts au dialogue et peux sensibles aux thèses réactionnaires du F.N, sont en train de porter au pouvoir le parti politique focalisant tout leur combat. En outre, il est probable que le démantèlement de l'U.E s'accompagne d'un grand moment d'émulation nationale avec ses dérives, c'est à dire l'exultation de toutes les frustrations et colères emmagasinées durant des années d'avoir été sans cesse diffamés et amalgamés au FN, cela pour avoir simplement défendu des réflexions politiques parfaitement équilibrées et apaisées que le Front National salissait.

Un tel moment d'exultation de colère trop longtemps contenue peut être tout à fait dangereux dans une situation politique et sociale très dégradée. Il est donc temps que ceux qui se revendiquent de la lutte contre le F.N cessent de pratiquer la censure et la diffamation, écoutent ceux qui viennent leur proposer une alternative au F.N sans pour autant avoir l'impression que leurs idées plus ou moins conservatrices  puissent être qualifiées de "réactionnaires" ou de "lepénisation des esprits". Car si ces débats importants ne sont pas produits dans le respect et l'écoute mutuelle, alors oui, le FN aura non seulement toutes les chances de prendre le pouvoir, mais pire encore, c'est toute une violence contenue pour le moment, qui pourrait se déchaîner un jour contre les "anti-FN" radicaux, n'ayant cessé de mettre dans le même sac des gens qui ne voulaient pas du FN, mais uniquement restaurer notre indépendance nationale et mettre un terme au "diktat" des minorités sur le fonctionnement social général de notre société.

On peut tout à fait combattre le F.N et exiger la restauration de notre Souveraineté Nationale. On peut tout à fait combattre toutes formes de xénophobies et de discriminations, sans pour autant nier que la majorité décide de ses règles sociales et sociétales, sans avoir à subir le diktat des minorités.

C'est une question d'équilibre. Et si être progressiste en France aujourd'hui, consiste à devenir un Ayatollah de la bien-pensence au détriment de l'intérêt général et de l'idéal Républicain, alors c'est qu'il va falloir redonner une définition à la notion de progrès, car pour le moment, l'intelligence recule chez ceux qui défendent cette position. 

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