lundi 25 mai 2015

L'impuissance politique par un cas pratique : les statuts de l'UPR

Cela fait maintenant près de deux années que certains militants zélés de l'U.P.R me reprochent mes points de vue critique sur cette formation politique. Cela a tendance à me faire sourire, car lorsqu'on prétend défendre des idéaux visant à "rétablir la démocratie", il devrait être logiquement accepté que des citoyens fassent état de leur liberté d'opinion sans être accusés de vouloir dézinguer un parti politique. 

Les opposants à l'UPR - et notamment s'agissant de certaines tendances extrémistes à "gauche" - sont de très loin bien plus prolixes et malhonnêtes que moi dans les critiques, mais c'est finalement les miennes qui gênent le plus. Sans doute du fait que je connais bien la boutique pour y avoir milité un temps, et que par ailleurs, ce n'est pas sur la question des idéaux que je me montre critique. 

Comme ces débats deviennent à la longue quelques peux fatigants, je vous propose de faire une étude de cas qui vaut autant pour l'UPR que la plupart des formations politiques, cela sans avoir recours à la critique des personnes. 

Avant d'entamer cette étude des statuts de l'UPR, je souhaite tout de même faire valoir que deux grands types d'organisations statutaires sont traditionnellement utilisées par les partis politiques. Les partis les plus à droite auront souvent des statuts plus ou moins équivalents à ceux de l'UPR. Ces statuts placent le corps exécutif de la formation politique en position dominante, et ne laissent que peu de marge de manœuvre pour les adhérents. A gauche, pour se donner bonne conscience, ce sont souvent des statuts plus "horizontaux", mais qui n'empêcheront pas les querelles intestines, les luttes d'influence et surtout seront responsables d'une très grande inertie en terme de militantisme, notamment pour les formations les plus intellectualisées ou corrompues. Dans les deux cas, les partis politiques prétendent présenter des candidats à des élections, ce qui de fait, induit l'idée de faire attention à son image - souvent celle des candidats en vérité - et entretient le jeu électoral quand bien même l'on sait que ce système va à l'encontre du rassemblement de tous les Français puisqu'il s'agit de les diviser au travers de leurs suffrages. 


Nous ne nous intéresserons pas ici aux valeurs véhiculées dans les statuts, mais aux modalités pratiques. Et avant d'entrer totalement dans le vif du sujet, je souhaite dénoncer une arnaque de propagande de l'UPR quant à son nombre d'adhérents. Lorsque j'ai quitté l'UPR, Erick Mary - autrefois responsable au militantisme - m'avait révélé que le nombre des adhérents était établi en considérant que les personnes non à jour de cotisation depuis deux ans demeuraient membres de l'UPR virtuellement. Donc un an de cotisation + deux années sans cotisation, cela suffit pour rentrer dans les statistiques de l'UPR. D'autres personnes ont reconnu que le problème existait et qu'au fur et à mesure des adhésions, l'UPR éliminait de ses listes des adhérents non à jour de cotisation. 

Le chiffre annoncé par l'UPR quant au nombre de ses adhérents n'est pas le bon. Pour être exact, il faudrait donner le chiffre des adhérents à jour de cotisation avec une marge de manœuvre de plus ou moins trois mois après la date anniversaire du versement d'une cotisation. Ainsi, sur plus de 7800 adhérents annoncés, en vérité, plus de 2800 ne seraient pas à jour de cotisation et près de 700 ex-adhérents le seraient encore alors que la période des deux ans est passée. 

L'article 5 des statuts de l'UPR dispose que :

Les adhérents de l'UPR sont des personnes physiques qui manifestent par leur cotisation annuelle et leur engagement militant, leur adhésion à la Charte fondatrice de l'UPR et leur volonté de participer aux actions de l'association.

Tout adhérent de l'UPR est réputé avoir lu la Charte fondatrice de l'UPR, en partager les analyses et conclusions, et mettre en oeuvre les orientations. Le Bureau National se réserve le droit de refuser l'admission de toute personne physique ou morale pouvant nuire à la réputation ou au bon fonctionnement de l'UPR.

[...]

Toute personne n'ayant pas renouvelé sa cotisation au bout de deux ans perd sa qualité d'adhérent.

Nous voyons dans cet article de statuts, que la qualité de membre se perd au bout de deux années du non versement d'une cotisation qui est pourtant annuelle. Pour que cet article avalise la légitimité d'adhérent - mais non cotisant - de l'UPR, il faudrait pouvoir démontrer dans ce cas que la personne ne versant pas sa cotisation milite réellement. Or, l'essentiel des cotisations non renouvelées viennent du fait que l'on ne souhaite plus soutenir une association quelconque. A fortiori, militer pour celle-ci est encore plus engageant que donner un peu d'argent pour la cause. Donc qui ne paye pas dans la majorité des cas, ne milite pas non plus, sauf les rares exceptions faisant qu'une personne est malheureusement trop oppressée financièrement pour verser une cotisation, mais reste valeureuse dans son envie de militer malgré tout. Cela reste malgré tout rare, et il serait temps que les militants de l'UPR cessent de croire qu'ils sont plus de 7000 adhérents à jour de cotisation. C'est tout simplement faux.

Nous relevons par ailleurs dans cet article que le Bureau National est le seul à pouvoir décider d'un refus d'admission, notamment si cela pouvait porter un préjudice à la réputation ou au fonctionnement de l'UPR. La réputation, c'est l'image. Quand on veut rassembler tous les Français, on ne peut empêcher quiconque de rejoindre le mouvement du fait de convictions politiques personnelles qui au-delà des valeurs partagées par la Charte, entacheraient la réputation du mouvement. Une personne ne pouvant à elle-seule déterminer les valeurs de l'ensemble des adhérents d'une association. Nous n'en sommes pas encore aux véritables modalités pratiques, mais nous noterons que dès l'article 5, c'est bien le Bureau National qui décide de qui peut rejoindre ou non l'UPR.

Article 9 des statuts de l'UPR portant sur l'organisation générale :

Les instances dirigeantes de l'UPR sont :

- Le Congrès
- Le Conseil National
- Le Bureau National
- Le Président

[...]

Cet article en soi ne définit pas les qualités exécutives, opérationnelles, immunités et exclusions de chaque instance. Je le cite pour que chacun retienne quelles sont les instances dirigeantes de l'UPR avant de démontrer que seules deux d'entre-elles ont réellement tous les pouvoirs.

L'article suivant précise que le Congrès est la réunion de tous les adhérents à jour de cotisation - preuve s'il en est que ce qui fait un adhérent est bien la régularité du paiement de la cotisation - mais ne précise pas encore quels sont les débats qui peuvent avoir lieu en Congrès et donner lieu à un vote des militants.

C'est l'article 10-2 des statuts de l'UPR qui précise les pouvoirs du Congrès :

Conformément aux principes de démocratie et de souveraineté, le Congrès représente l'instance suprême de décision de l'Union Populaire Républicaine.

Le Congrès débat et vote les grandes orientations stratégiques et politiques

[...]

Je ne mentionne pas les autres alinéas de cet article, car ils sont tout simplement respectés. Ce qui n'est pas le cas du second alinéa, puisque jamais le Congrès n'a eu la main sur la rédaction du programme - autre mot pour "grandes orientations politiques" - ni même sur l'organisation du militantisme qui est un autre mot pour "grandes orientations stratégiques".

Ce qui signifie que si les statuts prévoient bien une clause permettant au Congrès d'influencer très fortement le programme et le fonctionnement interne de ce parti politique, dans la réalité, ce n'est pas du tout ce qu'il se passe...

L'article 10-3 des statuts mentionne que le Congrès ne peut se réunir que tous les trois ans. Ce qui signifie qu'il est impossible durant trois années de changer de direction nationale, ni même d'influer sur le programme politique ou la stratégie de communication de l'UPR. C'est donc une très grande faiblesse statutaire pour les adhérents de ce parti politique, quant à faire évoluer leur association et agrémenter leur programme politique de motions et propositions nouvelles.

L'article 11-1 des statuts porte sur la composition du Conseil National, qui globalement est la réunion des instances exécutives nationales (Président et Bureau National) en plus des délégués régionaux et départementaux.

A ce stade notons que les articles 12 et 15-2 des statuts donnent les pleins pouvoirs au Président et au Bureau National pour nommer des délégués départementaux et régionaux ou toute autre délégation particulière. Le Trésorier et le Secrétaire Général sont aussi nommés par le Président, et non par le Congrès. L'article 16-1 quant à lui, achève de proclamer que les Délégations Départementales sont créées par le Bureau National. Ces délégations sont complètement soumises au Bureau National, ne peuvent investir elles-mêmes leurs représentants départementaux et régionaux, et doivent faire valider leurs propres supports de communication par le Bureau National. En clair : l'instance la plus importante, la plus cruciale pour la visibilité de l'UPR est la plus démunie de pouvoirs. Et même lorsqu'elle en dispose un peu - comme par exemple organiser des événements - l'inertie demeure du fait que les Délégués doivent continuellement demander l'autorisation au Bureau National pour participer à - ou créer - un événement, en sachant que ces Délégués sont nommés en fonction de leurs dispositions psychiques à obéir plutôt qu'à faire preuve d'initiative.

Ce sont donc dans ces derniers articles que se trouve la faille démocratique réelle de l'UPR. 

J'aimerais pouvoir m'étendre sur le fait que certains articles organiques du fonctionnement de l'UPR tant au niveau national que départemental ne sont pas respectés. Mais d'autres que moi le feront bien mieux, et ça n'est pas le sujet du présent billet.

L'objet est de démontrer que la majorité des partis politiques - et notamment l'UPR - sont forcément créés par des personnes qui souhaitent ardemment arriver au pouvoir. Quand on veut être président de la République et que l'on joue pour cela d'un parti politique, il est évident que l'on rédigera les statuts de telle façon à ne jamais se retrouver dans une situation de faiblesse ou voir ses pouvoirs limités dans sa propre association. Ce qui signifie donc bien que la cause compte moins dans ce cas, que ses propres ambitions personnelles. Ce qui est un vice de forme quand on prétend ériger les analyses et conclusions d'une Charte au-delà de tout autres considérations.

La majorité des statuts ne sont pas rédigés pour donner aux membres de l'association politique, la capacité d'influer sérieusement sur les "grandes orientations stratégiques et politiques" ni même garantir le contrôle sur l'ensemble des responsables de l'entité, depuis le niveau local jusqu'au niveau national.

Qu'on se le dise, je ne pense pas qu'il faille déshabiller complètement de ses pouvoirs une personne disposant d'une compétence particulière ou exécutive dans un parti politique. Mais il est essentiel pour les militants et même les simples sympathisants des valeurs prônées par une association politique, de pouvoir contribuer au Mouvement général, et ne pas devenir les simples serviteurs de quelques personnes aux ambitions politiques personnelles au détriment d'une cause toujours plus importante que ses messagers.

Voila comment un autocrate peut avoir les pleins pouvoirs et prendre de très mauvaises décisions dans une association politique si les statuts ne limitent pas ses compétences. A l'inverse, des statuts rédigés de telle façon à donner plus de pouvoir aux sympathisants et simples adhérents d'un parti politique n'empêchent pas un Président ou responsable de représenter ou administrer l'entité créée, mais garantissent cependant que les problèmes de personnalité ou ambitions personnelles de chacun, ne peuvent créer des troubles majeurs pour l'association, ni contraindre son intelligence collective à faire valoir son efficience. 

Je vous renvoie donc à mon billet précédent pour comprendre comment des statuts peuvent être rédigés à ces fins et ce qu'il me semblerait plus juste de faire pour créer un mouvement eurolucide beaucoup plus fédérateur et proclamant respecter l'esprit d'initiative des militants locaux.














2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Il y a 7884 adhérents annoncés par l'upr mais pour vous ils seraient pas plus de 5000.
    Alors pourquoi le site mondial alexa ranking
    classe l'up r(4244) premier ou deuxième site politique français le plus visité avec le front national (4324) .
    Alors que eelv 4eme site( ranking 12641) et 4000 a 5000 adhérents, normalement l'upr devrait être au niveau de eelv ou classé en dessous.
    Pourquoi les vidéos en interne envoyé par email in primeur aux adhérents font en visionnage en trois jours
    presque le même nombre annoncé soit 7700 mais pas 5000 ou 4000.Par exemple Le FN revendique 400000 a 80000 adhérents vidéo en interne font 10000 a 15000 debout la France revendique 13000 à 15000 résultat 500 a 800 visionnage seulement
    les chiffres de l'upr sont assez proche de la réalité.
    La stratégie d'asselineau est de mettre l'EU au centre du débat politique français par un mouvement non extrémiste .
    Le fonctionnent interne de l'upr n'est fait que pour cet objectif.

    PAUL

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    1. N'est-ce pas évident ? Tant qu'un adhérent n'est pas radié, il reste adhérent officiellement sauf pour le droit de vote. C'est le chiffre officiel qui est pris en compte par Alexa.

      Quant à ne rien prévoir après la sortie de l'union européenne, c'est le signe d'une contradiction : une sortie doit se faire à toute allure pour certaines actions (chaque heure compte). Si rien n'est prévu, les créanciers auront eu le temps de tout démolir avant que n'intervienne la moindre initiative du pays. Je rappelle que pour organiser un référendum, il faut plus de six mois dans les faits. Pour créer une nouvelle Constitution, encore plus. Je ne parle même pas des deux ans de délai auxquels il faut s'attendre, si c'est l'article 50 du TUE qui est choisi comme base juridique.

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