jeudi 28 avril 2016

Police, mon amour !


C'est un titre provocateur, mais nous aurons bien vite l'occasion de le relativiser. Commençons par dire ce qui motive la rédaction de ce billet, avant d'en dérouler l'analyse que je me propose de donner ici. Les manifestations du 28 avril 2016 contre la loi El Khomri ont été l'occasion d'un déchaînement de violence, tant de la part des forces de l'ordre que d'un certain nombre d'agents provocateurs qui accompagnaient les cortèges. Pour l'heure, il est fait état de plusieurs dizaines de blessés chez les manifestants dont un très sérieusement à Rennes, et 24 policiers et gendarmes blessés, dont un policier grièvement atteint par un projectile à Paris.

Depuis le 31 Mars dernier, au prétexte de lutter contre la loi El Khomri, c'est un mouvement plus général de mobilisation qui a été initié par Frédéric Lordon et François Ruffin, ayant permis une occupation quasi permanente de certaines places dans des grandes villes françaises. Malheureusement, les parrains de l'événement ne semblent pas vouloir assumer le rôle qui serait à mon sens le leur, à savoir appeler à maintenir la mobilisation, mais sous un angle à la fois pacifique et réellement stratégique.

Bien au contraire, Frédéric Lordon dans son discours du 20 avril à la Bourse du Travail, s'est montré particulièrement irresponsable en félicitant le service "Accueil et Sérénité" de pratiquer "méthodiquement la chasse aux infiltrations" dans le seul soucis d'éviter les accusations en "rouge-brunisme" de la part des médias aux ordres de l'establishment. Et d'ajouter ensuite "nous n’apportons pas la paix. Nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique". J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de dénoncer le fait que le fameux service "Accueil et Sérénité" était en fait composé pour une bonne partie de ses membres, d'étudiants particulièrement sectaires, voire de véritables milices communément appelées "antifas", qui effectivement, s'assurent bien que les personnes pouvant apporter des points de vue chagrinant leur idéologie, soient bien expulsées par la force de la place de la République. Il faut bien comprendre ici ce que cela sous-entend comme pourrissement de l'intérieur. Nous nous retrouvons avec des gens se prétendant "de gauche" mais qui n'hésitent pas à encourager les violences faites aux personnes (en particulier sur les "fachos" et la police considérée comme milice à la solde du grand capital) en plus des dégradations de biens privés et publics. Si certaines personnes sont ainsi interdites d'exercer leur droit de réunion et leur liberté d'expression sur des places publiques, en revanche, les éléments perturbateurs, en particuliers les casseurs affichant une proximité plus que troublante avec le mouvement "Black bloc" restent les bienvenue. Comme je n'aime pas témoigner sans quelques éléments de preuve, voici ci-dessous le petit laïus de Boris, étudiant à Tolbiac et membre actif de l'organisation de "Nuit Debout", qui permettra de bien comprendre avec quelles considérations idéologiques, le mouvement reste en butte pour le moment :


Du côté des forces de l'ordre, jusqu'à la journée d'hier, on se contentait d'accompagner sans broncher les échauffourées régulières commises par les éléments perturbateurs dont on parle ici. Ainsi, Etienne, policier dans l'une des compagnies républicaines de sécurité ayant à encadrer les rassemblements place de la République, témoignait le 18 avril dans l'émission "Carrément Brunet" sur la station de radio BFM, et rapportait les propos suivants :

"On regarde les gens tout casser, uriner partout… On n'a pas formellement ordre de ne pas bouger, c'est que les ordres ne viennent pas. On est là, mais on ne peut pas intervenir"

Cela faisait donc plus de 27 journées où les forces de l'ordre mobilisées partout en France, se devaient de subir quotidiennement insultes et jets de projectiles, cela sans pouvoir interpeller qui que ce soit, et sans pouvoir trouver des temps de repos acceptables. En ayant discuté avec des policiers tout autour de la place de la République à différentes reprises, ces derniers me témoignaient qu'ils étaient totalement sur les rotules et confirmaient les propos relatés par leur collègue à la radio. Les ordres (ou leur absence) à ce niveau, ne peuvent émaner que du Ministre de l'Intérieur. Il y a donc une volonté politique manifeste de jouer la carte du pourrissement qui semble t-il a pris fin hier.

Je ne suis donc pas étonné que les policiers aient exulté le stress accumulé depuis autant de jours, sitôt que l'ordre de réprimer violemment les manifestations leur a été donné en haut lieu. Ce qui n'excuse absolument pas pour autant les nombreuses bavures qui m'ont été rapportées par de nombreux manifestants pacifiques et n'ayant rien à voir avec les casseurs cagoulés dont nous parlons. En effet - et c'est à se demander si ça n'était pas espéré de la part de M. Cazeneuve - un très grand nombre de manifestants ont subi des assauts répétés de la part des CRS, avec force de grenades lacrymogènes, tirs de flashball et coups de tonfa, alors que j'insiste là-dessus, ils n'avaient rien à voir avec les hordes de hooligans qui se mêlent aux manifestants.

Je rappelle à ce titre aux policiers qui me lisent, que peu importe le niveau de stress, de colère et de fatigue accumulés par cette mobilisation constante de vos effectifs, vous êtes censés agir en professionnels rigoureux, ayant la maîtrise de soi, et dans le respect des lois. Le comportement d'un certain nombre d'entre vous était totalement inacceptable et c'est bien ici le citoyen très attaché à ce que les droits de tous soient pleinement respectés, qui vous rappelle à vos devoirs. 

Mais de la même façon, je tiens à signaler à Boris et tous ses petits amis trouvant une certaine légitimité à se défouler sur les biens publics et privés autant que sur les forces de l'ordre, que vous êtes les premiers responsables des blessures de l'ensemble des manifestants qui refusaient de sombrer dans votre violence imbécile. Quant on est un tant soit peu responsable de ses actes, on en mesure les effets collatéraux. Par votre faute, il devient nettement plus complexe de pouvoir engueuler vertement les policiers ayant commis des bavures, tout simplement parce que vos provocations ne pouvaient qu’entraîner ce déchaînement de violence au-delà de vos propres personnes. Quant à Sieur Frédéric Lordon, je ne puis que lui faire savoir qu'à force de vouloir faire des courbettes aux grands médias de telle façon à ne pas être sali par leurs diffamations insidieuses, le seul résultat qu'il obtient, c'est que leur communication ne reste axée finalement que sur les échauffourées, et certainement pas sur les aspirations politiques de tous ces citoyens cultivant quelques espérances avec "Nuit Debout". Sur tous les plans, cet intellectuel pour qui j'étais plein de respect autrefois, mérite pleinement mon mépris. Des gens ont été blessés, et le mouvement est désormais souillé par les critiques ne portant aucunement sur les aspirations politiques des citoyens qui se déplacent. Un esprit aussi brillant que celui de M. Lordon était-il incapable d'envisager ce genre de conséquences par la virulence de ses propos ?

Voila donc où nous en sommes, et il y a fort à parier que M. Cazeneuve et M. Valls vont désormais accentuer la répression. "Nuit Debout" par la volonté d'ostracisation d'une grande partie de ses organisateurs n'a pas su en près d'un mois, susciter la sympathie de plusieurs millions de citoyens qui ont bien senti le rattrapage idéologique souhaité. Ce sectarisme de la gauche de posture très vite constaté, n'était donc pas à même de rassurer les sans partis, ceux "qui votent mal" ou encore les intellectuels et "leaders d'opinion" qui pouvaient par leur seul soutien, apporter beaucoup au Mouvement. Dès lors que "Nuit Debout" reste un moment politique ne mobilisant qu'une minorité de nos concitoyens et snobé par le plus grand nombre (voire agaçant une frange énorme de la population), en haut lieu, on doit se frotter les mains et se sentir nettement plus légers à l'idée de pousser les forces de l'ordre à agir avec le maximum de brutalité pour décourager le plus grand nombre à continuer l'expérience.

Ce qui m'amène au dernier volet de cet article.

Tout d'abord, oserai-je expliquer aux abrutis sectaires "anti-tout" et appréciant de casser du flic, qu'il serait temps de vous plonger un peu dans les livres. Je suis bien conscient que Tolbiac et Science-Po sont visiblement des écoles où l'on semble préférer se convaincre entre petits bourgeois désœuvrés que les Français souhaitent ardemment le démantèlement de l'Etat, mais rien n'est plus faux. Les Français, loin d'être contre l'Etat n'attendent qu'une chose : qu'on restaure au contraire sa pleine puissance. 

Par ailleurs, il serait temps d'admettre que la police n'est pas une milice au service du grand capital mais est en revanche composée d'êtres humains qui sont soumis aux mêmes difficultés et mêmes indignations que l'ensemble des Français. Je rappelle à ce titre que la police nationale est par défaut une extension de l'ordre judiciaire, en ce sens qu'elle permet d'appréhender une personne suspectée d'un crime ou d'un délit avec certaines règles de conduite garantissant les droits de la personne incriminée et autant que faire se peut sa sécurité. La justice, et donc par extension la police, sont des institutions permettant d'éviter que les citoyens règlent leurs comptes entre eux par des cycles de lynchages et de violences perpétuelles entre victimes et agresseurs. Nous sommes une population de 67 Millions d'habitants, subissant les affres d'une politique sociale et économique ne pouvant que générer de la violence et du repli communautaire. La seule chose qui nous reste pour ne pas sombrer totalement dans le chaos, c'est un état de droit avec des institutions régaliennes et judiciaires pour le faire vivre tant bien que mal. Vous pouvez hurler "mort aux flics" et insulter l'institution à loisir, elle reste un organe essentiel de la République, et quand bien même critiquée et critiquable, je connais peu de Français qui souhaiteraient sa disparition.

Bien au-delà du principe de réalité faisant que ce ne sont pas les points de vue idéologiques de quelques petits cons dont il serait intéressant de connaître quels sont les "gourous" qui les manipulent dans leurs facultés ou ailleurs, il y a aussi la logique révolutionnaire qui ne doit pas être perdue de vue.

Je souhaite rappeler à ce titre, en quoi la non-violence est une nécessité absolue lorsqu'on prétend affaiblir, voire entraîner la chute d'un gouvernement. Dès lors en effet, que l'on joue le jeu de déclarer chaque manifestation ; de respecter obstinément les horaires de dispersion et les itinéraires de cortège déclarés ; de refuser tous les éléments perturbateurs au sein des cortèges, ou au besoin s'assurer de leur exfiltration ; dans ce cas, les forces de l'ordre n'ont désormais strictement plus aucune raison légale de réprimer les manifestants. Toute répression serait alors clairement une violation de l'article 432-4 du Code Pénal qui dispose que :


"Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner ou d'accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende".



L'objectif de véritables insurgés n'est pas de susciter le courroux des fonctionnaires oeuvrant dans les institutions régaliennes de l'Etat, mais au contraire, d'obtenir leur fraternité, ou à minima leur sage neutralité. A ce titre, il ne faut leur donner aucune raison d'être tentés d'obéir à un ordre manifestement illégal.  Mieux encore, il faut habituer les forces de l'ordre à ce que l'ensemble des rassemblements et cortèges se passent suffisamment bien, pour que les effectifs déployés et les équipements mobilisés, soient les plus réduits que possible. En poussant l'objectif toujours plus loin, la présence d'un service d'ordre devrait être inutile dès lors que quelques policiers en tenue (légère) pourraient se retrouver en toute sécurité au sein même d'un rassemblement, pour surveiller et au besoin contraindre les éléments perturbateurs avec la bienveillance de la foule. Car le jour où les policiers et gendarmes auront le sentiment d'être en sécurité dans une foule qu'ils ont pour l'instant raison de craindre, c'est bien le gouvernement qui cette fois-ci, aura toutes les raisons de s'inquiéter.



En effet, le point final d'une insurrection est donné lorsque le gouvernement perd l'allégeance des militaires et policiers, qui restent des citoyens à part entière. Ce ne sont pas les insurgés qui chassent directement leur propre tyrannie, c'est l'armée et par extension la police, qui cessent d'obéir à celle-ci et transmettent leur allégeance à la nouvelle autorité civile qui vient à la remplacer. Cette nouvelle autorité peut être dans le pire des cas le président du Sénat en vertu de l'article 7 de la Constitution, ou directement un gouvernement provisoire que souhaitent imposer les insurgés, dès lors qu'ils ont pensé à le constituer au fur et à mesure de leur mobilisation... 


Quoi qu'il en soit, le chef d'Etat et son Gouvernement ne peuvent gouverner uniquement qu'avec l’allégeance des hommes en armes. Sitôt que leur autorité est perdue, la partie est gagnée pour le peuple. Voila pourquoi il est essentiel si l'on est un tant soit peu stratège, de ne rien faire qui puisse mettre en opposition le peuple avec sa police et son armée. 



Puisqu'il faut bien conclure ce billet, je souhaite simplement que ce dernier soit une mise en garde autant qu'un encouragement adressé à tous : 

D'une part, il revient à nos fonctionnaires de police les plus échaudés de se rappeler à leurs devoir et leur sens de l'éthique professionnelle. En haut lieu, il semble que la bride soit lâchée pour que vous interveniez. A la bonne heure ! Interpellez les habituels fouteurs de merde, mais veillez à éviter autant que faire se peut les dommages collatéraux. Vous êtes des citoyens et les gens qui veulent manifester paisiblement, sont aussi vos seuls alliés puisque vous êtes assujettis à un devoir de réserve vous empêchant de manifester à nos côtés contre un gouvernement que vous haïssez autant que nous.

Quant aux organisateurs de "Nuit Debout" et j'ajouterais à l'ensemble des manifestants qui se veulent sérieux dans leur démarche militante, dénoncez les éléments perturbateurs (généralement cagoulés et vêtus tout en noir) aux forces de l'ordre, et si c'est possible, exfiltrez les vous-mêmes en dehors des cortèges et rassemblements. La mobilisation doit bien continuer, elle est essentielle à la respiration démocratique du pays, mais il n'est plus tolérable que certains idiots utiles continuent de faire le jeu de la tyrannie et causer des blessures de part et d'autres.

Il faut que cette mobilisation se poursuivre et prenne un réel accent révolutionnaire. Cela suppose de rejeter le discours de certains membres de l'organisation de "Nuit Debout", qu'ils soient de grands intellectuels soucieux de leur image médiatique ou encore de jeunes étudiants sectaires qui n'ont rien d'autre à proposer que le pourrissement du mouvement au plus grand profit du gouvernement. 

Ne lâchons rien, soyons tous sérieux et fraternels, le Monde nous regarde...

Si vous souhaitez trouver tous les éléments d'une stratégie insurrectionnelle pacifique, vous pouvez télécharger mon essai qui traite dans tous ses aspects ce sujet sur le lien suivant :





mardi 26 avril 2016

Le 14 Juillet prochain, nous tenterons de restaurer l'Etat !


Depuis le 24 Avril dernier, une page "événement" sur Facebook a été ouverte pour vous inviter à converger sur Paris, le jeudi 14 Juillet 2016, et réclamer avec nous la destitution du président de la République. Cette date ne tient pas du hasard, pas plus que cette revendication en apparence unique. Je compte ici en expliquer les tenants et aboutissants...

Tout d'abord, un certain nombre de lecteurs fidèles de ce blog, auront immédiatement en tête un événement similaire s'étant déroulé à la même date l'an dernier.

Au départ, cela faisait suite à un appel d'Eric Fiorile (personnalité que je n'apprécie pas et sur laquelle je ne m'étendrais pas) à venir manifester à Paris. Mais très vite, d'autres porte-voix appelèrent à venir aussi, dont ma propre pomme, les Anonymous, Thierry Borne et le collectif "Hollande Dégage". 

L'objectif était de profiter du défilé militaire ayant lieu chaque année à Paris, pour interpeller nos soldats et les appeler à ne plus reconnaître l'autorité du chef de l'Etat, qui comme chacun sait, est aussi le chef des armées. Cet appel en ordre dispersé avec des propositions d'actions très différentes et des grilles de lecture tout aussi hétéroclites, n'avaient donc que pour seule revendication commune la destitution du président de la République.

Et plus que jamais, cette revendication reste et demeure, car elle est totalement fondée. Non pas sur des arguments politiques, mais bien sur le fait que François Hollande est un traître au sens de ce qu'en dit le droit pénal, soit un vulgaire criminel. Je ne puis que vous encourager à consulter les hyperliens laissés pour vous en convaincre, ce qui me laisse ainsi toute latitude pour démystifier certaines choses, et vous faire entrevoir la stratégie d'occupation de Paris qu'il s'agira de mettre en oeuvre.

Le Mouvement du 14 Juillet est-il d'extrême droite ?

Pour ceux qui découvriraient ce blog, et j'ajouterais bien volontiers ceux qui découvrent les débats qui agitent la dissidence politique française sur la toile, peut-être avez vous vu circuler des publications plutôt inquiétantes de sites s'affichant comme "antifascistes" dénonçant entre autres entités, le Mouvement du 14 Juillet comme étant d'extrême droite. Les arguments que l'on retrouve sur chacun de ces sites (et aucun n'échappe à ce style de rhétorique) laisseraient à entendre que M. Fiorile et moi-même serions tour à tour des "complotistes" ; "confusionnistes" ; "conspirationnistes" ; "crypto-fascistes" (mon préféré) ; voire carrément "fascistes". Nous aurions des collusions douteuses non seulement entre nous (ce qui est totalement faux, puisqu'encore une fois, nous ne nous apprécions pas), mais aussi avec des personnalités telles qu'Alain Soral ou carrément Marine Le Pen, via l'entremise d'autres personnalités semant "des confusions" telles qu'Etienne Chouard.

Si Etienne Chouard est bien une personne que j'admire sincèrement et avec qui j'ai toujours un immense plaisir à converser, ni moi, ni M. Fiorile (à ma connaissance) n'avons jamais partagé ne serait-ce qu'un café avec Alain Soral ou Mme Le Pen. Ce qui est vrai en revanche, c'est que le collectif "Hollande Dégage" animé par David Van Hemelryck, est réputé fédérer beaucoup de gens se revendiquant de droite radicale, voire d'extrême droite. Cependant, ayant rencontré pour la première fois David le 16 avril dernier, celui-ci bien que reconnaissant cette sociologie politique au sein de ses propres rangs, se refuse lui-même à soutenir un quelconque parti politique afin que ses propres actions ne soient pas compromises par un esprit partisan. Je pense l'homme sincère et engagé. Il n'a rien d'un skinhead véhiculant des propos xénophobes, il compose simplement avec les réseaux dont il a bénéficié au départ de son militantisme et souhaite s'associer avec tous ceux qui poursuivent le même combat que lui contre François Hollande.

Une fois cela dit, quelle était la réalité du Mouvement du 14 Juillet lorsque nous fûmes tous aux abords de l'Assemblée Nationale ? Tout d'abord, nous étions entre 3000 et 5000 personnes et les horizons politiques de chacun étaient en fait extrêmement diversifiés. Les inquiétudes qui transpiraient le plus dans les discussions que j'ai pu nourrir avec des manifestants, portaient certes sur l'état de l'économie et les guerres dans lesquelles s'embourbait la France au profit des intérêts anglo-américains, mais aussi sur l'écologie. Globalement, j'avais affaire à des gens plutôt bien éduqués sur la "real politic" mais qui rêvaient d'abattre le Système pour développer un monde plus écolo, jouant nettement plus des relations humaines et de la relocalisation la plus forte que possible de nos interactions économiques et sociales. Autre chose qui m'a énormément surpris, c'est le discours souvent très anarchiste que je pouvais entendre de la part de beaucoup de manifestants, alors que j'étais moi-même plein d'aprioris sur le fait que les anarcho-libertaires étaient incapables d'accepter la nécessité de restaurer l'Etat (thèse dite "souverainiste") puisque l'Etat impose structurellement une organisation pyramidale de ses institutions. En fait, ces anarchistes (plutôt de la vieille école pour nombre d'entre eux) semblaient avoir médité une sorte de consensus qui prenait le parti que si nous instaurions bien une démocratie authentique (au sens où chaque citoyen aurait l'initiative des lois, pourrait les voter et pourrait aussi révoquer ses mandataires), alors il deviendrait possible de tendre vers une société où les villes et villages seraient en auto-gestion et où les différentes formes d'autorités existantes par nécessité, seraient de toute façon sous contrôle du peuple.

Lorsqu'on entend parler régulièrement d'horizontalité, d'auto-gestion, de permaculture, de réhumanisation de la vie ou encore de paix (ce sont vraiment des mots qui revenaient beaucoup), je veux bien que nos détracteurs anonymes du web qualifient notre Mouvement comme étant d'extrême droite, mais il va dans ce cas falloir redéfinir ce que sont les valeurs d'extrême droite. 

Je ne dis pas ici qu'il n'y avait pas des gens qui au contraire, cultivaient des valeurs plus conservatrices ou jacobines, voire même royalistes, mais TOUS (et j'insiste là-dessus) réclamaient l'avènement de la démocratie réelle, et non l'instauration de toute forme de fascisme. Péril fasciste que je trouve d'ailleurs complètement mystifié et irréel en France. Sauf si l'on s'accorde à dire que le fascisme est déjà au pouvoir.

Il y a un autre trait commun à l'écrasante majorité des participants au Mouvement du 14 Juillet :

Nous avions affaire au véritable prolétariat !

Celui que les petits bourgeois qui organisent "Nuit Debout" aimerait tellement attirer : Les smicards, les banlieusards, les fauchés, les abîmés, bref, ceux que certains appellent parfois "le petit peuple" alors que ce jour là, ce détachement du peuple était si grand et courageux. 

Je tiens ici à restaurer l'honneur de tous ceux qui ont fait l'effort de se déplacer, car ce n'est pas tant moi que cela blesse de constater cette campagne ordurière sur le Mouvement du 14 Juillet. Mais je trouve tout à fait scandaleux après m'être frotté à tous ces gens, que certains s'amusent à les amalgamer à l'extrême droite alors que j'avais plutôt l'impression de retrouver la véritable Gauche de ce pays. La Gauche des "sans dents" éduqués. Celle qui n'a pas peur de parler de tout sans tabou aucun. De concevoir qu'il y a les urgences que l'on traite avec toute la radicalité nécessaire y compris pour les problèmes les plus sensibles (entendre par là "polémiques") que par une politique de plus long terme qui se veut axée sur la prévention des déchirements sociaux entraînant les violences et replis communautaires. C'était la Gauche Fraternelle, immensément populaire à la foi désillusionnée par notre représentation politique, et pleine d'espoir pour l'avenir.

Et preuve en est que finalement ces gens se fichaient bien des primo-organisateurs de l'événement, puisque quasiment tous sont partis dans un cortège sauvage qui ne correspondait aucunement aux plans de route que nous avions chacun de notre côté élaboré. Un cortège qui n'a entraîné aucune dégradation de biens publics, ni aucune violence aux personnes. 

Ces gens honorables méritent qu'on restaure leur dignité, car ils n'ont pas fait que scander leur volonté d'humanisme, ils ont appliqué leur idéaux dans les faits.

Que sera le 14 Juillet prochain ?

Cette fois-ci, je préfère m'affirmer plus encore qu'hier sur le plan de route que nous devons suivre, non pas du fait d'un désir de "pouvoir" dont je me fous complètement, mais parce que notre amateurisme d'hier nous a fait perdre une année. 

J'avais proposé (et déclaré) un point de rassemblement aux abords de l'Assemblée Nationale sur la place du président Edouard Herriot, avant de nous élancer à l'assaut de trois grands médias nationaux (BFM ; France Télévisions ; France Info) l'an dernier. Je n'ai pas changé d'optique, et voici donc l'itinéraire qui sera déclaré :


Le rassemblement commencera donc à 10 h devant le Palais Bourbon, ce qui nous permettra de nous faire entendre des militaires qui défileront à quelques dizaines de mètres de là. Ce sera le moment de lancer les slogans de concert pour les appeler à rejeter l'autorité du président de la République, et pourquoi pas, péter une Marseillaise qui est je le rappelle notre hymne national, et fait sincèrement vibrer les coeurs de nos soldats lorsque ce sont les civils qui l'entonnent à leur intention.

Comme je suis assez las d'entendre tout et n'importe quoi sur la Marseillaise, j'aimerai citer ici deux couplets que peu d'entre nous connaissons, histoire de voir si l'on parle d'un hymne chauvin et sanguinaire, ou bien d'un chant très inspiré de certaines valeurs humanistes de la Révolution Française :

Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère !

Que veut cette horde d'esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah! quel outrage
Quels transports il doit exciter ?
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !

A savoir que ce débat fumeux sur "le sang impur qui abreuve nos sillons" n'est pas celui de l'étranger, mais bien des Français qui se battaient pour sauver la patrie des invasions des monarchies germaniques coalisées contre nous durant la Révolution. Cela en opposition au "sang bleu" des aristocrates. Le sang impur, c'était donc le sang du peuple.

La Marseillaise, pour qui fait l'effort de la lire intégralement, est un chant qui ne cesse de parler de Liberté.

Clôturons ce petit détour sur notre hymne national pour en revenir à l'organisation de la journée. Lorsque le défilé sera terminé et que nous serons bien tous rassemblés (vers 11h30 sans doute), nous descendrons plein sud vers BFM TV pour y rester une petite heure (prévoyez des sandwichs dans votre sac à dos) afin d'aller chanter sous les fenêtres de nos journalistes.

Le but semble évident : puisque ces derniers ne viennent jamais à nous, nous viendrons à eux pour porter nos revendications dont nous parlerons plus en détail tout à l'heure. A ce stade, je précise quelques règles importantes qui valent tant pour nos cortèges que nos rassemblements :

1) Nous suivons les consignes des forces de l'ordre et nous ne les affrontons pas. C'est une règle intangible, et ceux qui veulent créer des tensions ne sont pas obligés de venir. Un service d'ordre sera organisé pour l'occasion et écartera sans outre-forme de procès tous les excités qui voudraient en découdre avec les policiers ou gendarmes mobiles présents sur place. De même que les gens qui viendraient troubler notre sérénité dans nos propres rangs du fait de l'alcoolémie ou tout autre motif, seront exfiltrés. La non violence est le rail qui guidera notre action.

2) Nous éviterons autant que possible d'avoir sur nous des stupéfiants, de l'alcool ou des armes blanches. Il est demandé que chacun se gère. Nous sommes des adultes responsables, non des adolescents sur-gonflés de testostérone.

3) Si la météo est avec nous, lorsque nous serons à l'arrêt sur une place, nous nous assiérons à même le sol. Cela tant pour démontrer encore une fois notre pacifisme, mais aussi pour permettre au service d'ordre ou aux policiers sur place de repérer ceux qui souhaiteraient causer des troubles (en général debout) plus aisément. Pensons à créer naturellement quelques petites allées entre nous pour faciliter les déplacements de chacun.

4) Si des journalistes vous interrogent, éviter d'entrer sur les sujets polémiques et restez concentrés sur les revendications. Faites part de votre sentiment par rapport à celles-ci en y joignant vos propres connaissances de la situation politique et sociale de notre pays. Entre nous tous, évitons aussi autant que possible les sujets qui peuvent nous diviser. Nous ignorons ce que chacun pense, et il ne s'agit pas de nous heurter mutuellement sur des sujets sensibles et extrêmement clivants, mais bien de nous rappeler ce qui fait le Commun.

5) Ne suivez que les consignes données par les organisateurs et laissez les excités appelant à faire tout autre chose dans leur coin. Nous devons rester ensemble et soudés. Nous sommes tous conscients de ce que la psychologie des foules peut entraîner comme part de désinhibition, mais il s'agira cette fois-ci de défiler avec notre tête. 

Après avoir taquiné un peu les journalistes de BFM, nous irons ennuyer les journalistes du service public, qui d'expérience, sont nettement moins curieux que le premier média cité. Nous ferons donc le maximum de bruit sous les fenêtres de France télévisions pour appeler les journalistes à descendre et entendre nos revendications, avant de nous élancer vers la Maison de la Radio pour clôturer ce tour des médias.

Suite de quoi, nous partirons en direction du Champ de Mars, ce qui correspondra sur place à notre dispersion. Dans les faits, c'est toujours au Champ de Mars que le feu d'artifice est tiré et il y aura foule sur place. Nous veillerons simplement à ce que la fin de notre journée de marche, corresponde à l'heure où le Champ de Mars se remplira.

A partir de là, c'est quartier libre pour tous. Nous reviendrons le lendemain, mais uniquement pour faire la tournée des mêmes médias. Là encore, tout sera déclaré. Nous réitérerons notre harcèlement tout le weekend.

Nous n'étions pas beaucoup, mais nous y étions...
Pourquoi cette stratégie de harcèlement des médias ?

Tous les Français un minimum conscients de la complicité (souhaitée ou non) de nos journalistes avec le sérail politique et financier, comprennent donc pourquoi certains débats politiques essentiels sont censurés ou diabolisés, dès lors que cela fragilise l'establishment.

Je me propose de me faire le porte-parole du Mouvement pour porter les revendications pour plusieurs raisons que je pense objectives :

1) Ma culture générale en matière économique, géopolitique et sur le droit constitutionnel, international et pénal est plus que correcte. Ce qui signifie qu'une question d'un journaliste visant à réduire nos revendications à une aimable plaisanterie populaire, trouvera une réponse qui affirmera notre sérieux. Ce que je signifie ici, c'est qu'il sera très difficile de me désarçonner et nuire à notre message.

2) Je m'imposerais d'appeler en premier lieu les millions de Français qui nous entendrons grâce à cette courte fenêtre médiatique offerte, à nous rejoindre dans nos cortèges et rassemblements. Clairement, il s'agira ainsi de passer de quelques milliers de personnes le premier jour à peut-être plusieurs millions si nous sommes tous motivés et rigoureux dans notre action.

3) La revendication principale qui sera expliquée, portera sur les crimes de haute trahison commis par l'actuel président de la République, et un appel à sa destitution. Comme précisé plus haut, je suis un minimum éduqué au droit pénal et j'ai rédigé un livre librement téléchargeable pour expliquer plus en détail ces considérations, en plus de nous initier au droit de résistance à l'oppression, que ce soit sous l'angle théorique ou pratique. Toutefois, si un avocat s'estimant lui-même aussi bien éduqué sur la plupart des questions géopolitiques et économiques, souhaitait se faire notre porte-parole, je préfère de très loin que nous nous en référions dans ce cas à un expert. Il ne s'agit pas de moi, il s'agit de nous tous. Les compétences priment sur les ambitions des uns et des autres pour véhiculer un message le mieux que possible.

Le fait de harceler les médias chaque jour, à raison de plusieurs milliers de personnes, permettra très clairement d'attirer une bonne fois pour toute leur attention. Habituellement, les manifestations sont organisées sur la place de la République, à Nation ou à Bastille. Soit des lieux qui n'ont absolument rien de stratégique. Maintenant, mettez vous dans la peau d'un journaliste qui termine sa journée de travail, souhaite rentrer paisiblement chez lui, et constate des milliers de gens qui font masse devant l'entrée du média pour lequel il officie. Le sentiment de malaise, voire d'oppression sera réel. La peur aussi, car personne ne peut savoir ce qu'une foule peut faire lorsque la frustration de ses composantes, augmente. Les journalistes sauront intuitivement qu'il vaudra mieux nous accorder quelques minutes d'antenne, plutôt que de nous ignorer. Ce sera pour eux le seul moyen de s'assurer qu'il n'y aura pas de débordement, c'est à dire pour être exact, une invasion de leurs locaux.

Voila pourquoi nous devons organiser un tel coup de pression et le renouveler les jours qui suivront. L'objectif est bien de pouvoir être entendus de tous les Français en même temps. Seuls les grands médias nationaux peuvent nous permettre une telle audience. La pédagogie populaire est très sympathique, mais a ses limites si nous devons la mener rue par rue, quartier par quartier, ville par ville. Il faut frapper fort et parler à tous en une fois.

Le dimanche soir, il sera alors temps pour ceux qui doivent rentrer en province pour raisons de travail, de repartir, mais ils auront désormais l'assurance que des milliers de leurs concitoyens dans leur région auront entendu ces revendications, et souhaiteront peut-être continuer un harcèlement médiatique au niveau local pour les renouveler. D'autres initiatives pourront aussi être plus aisément entamées, comme l'institution de tribunaux populaires sur les places publiques, pour juger le président de la République. Ça n'est que du théâtre, mais cela permet d'expliquer ce qu'est la haute trahison.

Pour les Franciliens qui le voudront, et si notre pari est gagné, nous continuerons notre harcèlement, et appellerons en outre les Français à entamer une grève générale.

Pourquoi s'acharner à vouloir destituer François Hollande ?

D'abord, il faudrait simplement poser la question autrement : est-il normal qu'un criminel, particulièrement un traître à la patrie, puisse être maintenu dans son mandat en démocratie ? Ensuite, soyons un minimum rationnels et ayons un regard sur le passé :

Les véritables révolutions ont toutes eu comme dénominateur commun la volonté de tout un peuple de destituer un chef d'Etat. Au plus fort de la Révolution Française, c'est la tête de Louis XVI qui fut tranchée. De même qu'un siècle plus tôt, les Anglais décapitèrent leur Roy Charles 1er avant qu'un nouveau soubresaut quelques années plus tard, conduisit au renversement d'un autre Roy : Jacques II d'Ecosse.

Plus proche de nous, la crise de 1934 provoqua la chute du gouvernement Daladier, ce qui fera le terreau du Front Populaire en 1936. Les derniers événements en Tunisie et en Egypte témoignent aussi que c'est bien par la destitution des chefs d'Etat Ben Ali et Moubarak, que se terminèrent les premières phases d'une insurrection populaire des peuples concernés. Les exemples sont légions, et tous conduisent au même résultat : l'autorité politique suprême du pays est évincée. 

Lorsqu'un peuple, naturellement divisé par les positionnements politiques des uns et des autres, se fédère pour déjà mettre un terme à la tyrannie qui l'oppresse, tout à fait mécaniquement, il commence aussi à s'organiser progressivement pour imposer son nouvel ordre social et démocratique.

C'est d'ailleurs la phase la plus sensible d'une insurrection. Cependant, nous sommes à l'ère des réseaux sociaux, le peuple français est riche de son histoire et de son éducation politique, et puisque nous pouvons revendiquer être une dissidence éclairée, nous savons que d'autres revendications viendront naturellement s'agglomérer à la toute première. Je ne pense pas me mettre ainsi en porte à faux avec la plupart d'entre nous, si je signale que nous devons exiger par ailleurs la sortie de l'Union européenne, l'euro et l'OTAN afin de recouvrer pleinement notre indépendance nationale, en plus de mettre sur la table, l'organisation d'une constituante. Mon avis personnel sur ce dernier point, est que celle-ci doit être ouverte à tous, et non le fait d'une quelconque assemblée représentative. Qu'elle soit élue ou tirée au sort. Dans chaque ville, chaque village, des salles municipales doivent être ouvertes pour que les Français qui le souhaitent, commencent à travailler sur plusieurs modèles de constitution à comparer, mettre en concurrence et agglomérer. C'est un processus long qui exige en outre que nous disposions de notre propre représentation politique au sein d'un gouvernement provisoire pour nous aider. En effet, les scrutins ne peuvent être organisés en un même jour et sous les mêmes formes, que par le Ministre de l'Intérieur, qui informe par circulaires les préfets des dates et objets des débats. Les préfets eux, se bornent à retransmettre à chacune des mairies les dites circulaires et dépêchent les acteurs permettant de surveiller le bon déroulement des scrutins.

Nous avons les moyens de nous créer un gouvernement provisoire capable de fédérer l'ensemble de la dissidence, et imposer ses membres comme seuls interlocuteurs légitimes, notamment vis à vis des institutions régaliennes du pays (armée et police), ainsi qu'aux médias. Comme ce billet est déjà long, je ne compte pas m'expliquer plus en avant, mais vous trouverez toutes les informations sur le livre que j'ai rédigé et dont un lien plus haut vous permet son téléchargement. Mais en évoquant la nécessité de pouvoir permettre à notre armée et à la police nationale de trouver des interlocuteurs avec qui parler, vous comprendrez sans doute pourquoi il est indispensable de ne rien faire qui puisse forcer à une confrontation inutile avec ces institutions. Au contraire, c'est bien l'armée (et par extension la police) qui finit toujours par retirer le commandement à l'autorité politique suprême du pays, pour accorder son allégeance à une nouvelle autorité civile.

De la même façon, puisqu'il faudra à un moment évoquer la création d'un gouvernement provisoire, les insurgés se devront d'entamer la rédaction d'un mandat impératif. Et si nous sortons bien de l'U.E et l'euro, nous n'aurons plus aucune contrainte supra-nationale pour décider des normes nouvelles que nous souhaiterons mettre en place, particulièrement en matière économique, sociale et écologique.

Ce que je signifie par là, c'est qu'en démarrant une insurrection qui se fonde sur notre volonté commune de destituer le chef de l'Etat, un autre mouvement d'ensemble se met immédiatement en place : celui de préparer l'après...

C'est aussi de cela qu'il nous faudra parler lors de nos débats publics, et nous aurons tout le matériel nécessaire pour organiser des assemblées et une tribune pour commencer à en discuter. 

Raison pour laquelle je vous appelle tous, que ce soit ceux qui étaient présents lors du 14 Juillet dernier, où ceux qui souhaitent désormais nous rejoindre, à converger sur Paris le 14 Juillet prochain.

Vous pouvez contacter nos coordinateurs par courriel si vous avez la possibilité d'offrir un hébergement aux provinciaux qui monteront sur Paris, où si vous recherchez un co-voiturage. Ces derniers assureront la mise en relation.

Avec mes amitiés résistantes à tous,

Sylvain Baron


Voici deux courriels où vous pouvez envoyer les informations suivantes pour que nous puissions faire les rapprochements :

- Nom et prénom
- Courriel et/ou téléphone
- Ville et département de départ
- Si vous pouvez assurer un co-voiturage.
- Si vous pouvez proposer un hébergement (pensez au nombre de couchages max offerts et si vos préférences sur les personnes accueillies si vous êtes par exemple une femme seule).

Ces informations sont à la discrétion des coordinateurs qui s'occupent de la mise en relation.

Vous pouvez envoyer vos besoins ou offres ici :

francoise.martin@noos.fr
philippe.piveron@gmail.com

dimanche 24 avril 2016

La charte de l'antifa

PRÉAMBULE :

Attendu que les valeurs et actions antifascistes semblent susciter l'incompréhension du prolétariat.

Attendu que nos ennemis pratiquent ouvertement une propagande visant à discréditer la sincérité des nobles sentiments qui accompagnent toutes nos luttes.

Attendu que nos ennemis n'hésitent pas à aller et venir voire s'exprimer ouvertement sur l'espace public que nous occupons afin d'établir notre convergence des luttes.

Il est rédigé ici une charte de l'antifa, visant à mieux faire connaître nos valeurs et coutumes, dans l'espoir que cela suscitera enfin la sympathie du prolétariat à notre égard.


ARTICLE I


La parole de l'antifa est d'évangile, nul ne peut la contester, l'antifa est omniscient.

ARTICLE II

Lorsque l'antifa désigne une personne comme étant soit "confusionniste" ; "crypto-fasciste" ; "négationniste" ; "complotiste" ou directement "fasciste" ; se référer à l'article premier de la présente charte pour en admettre la preuve.

ARTICLE III

La liberté d'expression est totale pour l'antifa et à sa convenance pour les autres.

ARTICLE IV

La liberté d'expression consiste pour l'antifa à diffamer, calomnier et au besoin péter la gueule à qui contesterait l'article premier de la présente charte.

Pour garantir le bon usage de sa liberté d'expression, sans en assumer les conséquences, l'antifa chérira son anonymat sur les canaux cybernétiques.

ARTICLE V

Pour assurer son droit à la sûreté : l'antifa se déplace uniquement en meute. Avec la bienveillance du gouvernement, il peut à loisir caillasser les flics fascisants et suppôts du capitalisme ou ratonner un complotiste notoire reconnu sur la voie publique.

ARTICLE VI

L'antifa se veut anarchiste. Il n'a donc pas de chef. Il est le chef comme en dispose l'article premier de la présente charte.

ARTICLE VII

Les livres sont pour l'antifa la marque d'une forme d'autorité intellectuelle. Ils doivent donc être brûlés et leurs auteurs pendus haut et court.

ARTICLE VIII

Les experts, personnalités politiques, ingénieurs et intellectuels sont nécessairement des alliés du capitalisme. L'antifa se doit coûte que coûte d'entraver leur vile propagande pouvant conduire au fascisme.

ARTICLE IX

L'antifa a le devoir de lutter contre le capitalisme. Il se réfère à l'article 4 de la présente charte pour inquiéter les puissances financières et industrielles qui asservissent le prolétariat.

Il peut, au besoin, participer à des manifestations dans le but de saccager des poubelles et vitrines afin d’entraîner la fin du capitalisme.

ARTICLE X

Les frontières et les institutions de l'Etat sont la marque du nationalisme conduisant au fascisme. L'antifa se doit de les combattre et ne jamais oublier que l'ensemble des êtres humains sont favorables à la disparition de leurs pays et institutions et s'accordent pour arriver à une telle finalité simultanément au regard de l'article premier de la présente charte. 

ARTICLE XI

Nonobstant l'article 10 de la présente charte, l'antifa peut tolérer provisoirement l’existence de certaines institutions lui allouant une allocation de subsistance, une sécurité sociale, les premiers secours, voire un asservissement au capitalisme par sa force de travail afin de subvenir à ses besoins vitaux.

ARTICLE XII

L'antifa se veut le protecteur chevaleresque de toutes les minorités opprimées. L'homosexuel, l'arabe, et le noir sont renvoyés continuellement par l'antifa à leur singularité afin que ces derniers puissent comprendre et admettre qu'ils sont inégaux face à l'ensemble. 

Les homosexuels, arabes et noirs, sont priés de reconnaître leur statut de minorités opprimées aux yeux de l'antifa et ne jamais revendiquer se sentir à égaux de tous leurs concitoyens dans les droits et devoirs qui leur incombent. 

ARTICLE XIII

Le catholicisme véhicule des valeurs d'extrême droite. Chaque catholique est un ennemi de l'antifa.

L'islam véhicule des valeurs d'extrême droite uniquement dans les pays où sévit un dictateur - y compris s'il est laïc - qu'il conviendra de renverser pour répandre l'antifascisme occidental avec l'aide des islamistes (mais gentils ceux-là). En France, l'islamisme est une des facettes acceptables de la diversité enchantée. Toute critique de l'islam ou même de l'islamisme sera donc assimilée à du racisme.

Le judaïsme ne peut subir aucune critique, pas même sous un angle humoristique, car cela reviendrait à sombrer dans l'antisémitisme. 

ARTICLE XIV

L'antifa n'est pas sans convictions politiques. Toutefois, il doit constamment garder en tête que le communisme mène au rouge-brunisme et au stalinisme ; le keynésianisme est à l'égal de toutes formes de capitalisme et doit donc être combattu ; le libéralisme est uniquement critiquable dans ses conséquences capitalistes ; la décroissance étant nécessairement une économie dirigée mène de facto au fascisme.

La seule voie économique acceptable étant le troc et l'économie du don

ARTICLE XV

L'antifa est un géopoliticien subtil. Les périls fascistes et capitalistes les plus prégnants se situent en Russie et au Moyen-Orient. Les autres pays, à commencer par le sien propre, sont exemptés de toute analyse critique antifasciste.

ARTICLE XVI

Les concepts d'identité collective ou de socle culturel commun mènent au nationalisme et au racisme. L'antifa se doit de rejeter tout ce qui peut témoigner de son appartenance à une communauté politique, sauf en ce qui concerne sa langue maternelle bien que celle-ci puisse mener au nationalisme et donc au racisme.

Pour parvenir à l'émancipation de l'antifa concernant sa langue maternelle, celui-ci peut abuser de tous les breuvages et psychotropes à même de réduire son élocution à quelques borborygmes. 

ARTICLE XVII

Afin d'organiser ses débats, l'antifa visera l'horizontalité dans les assemblées qu'il institue. L'horizontalité consiste à interdire toute réflexion intellectuelle d'un orateur excédant les capacités cognitives de la meute, et le vote se pratiquera en beuglant le plus fort que possible son approbation ou sa désapprobation à une initiative anticapitaliste.

ARTICLE XVIII

Pour exposer ses vues politiques, l'antifa se référera à l'article 4 de la présente charte.



samedi 16 avril 2016

Nuit rouge ou nuit debout ? [Lettre ouverte à Frédéric Lordon]


"Le peuple est bête et méchant, le peuple est obtus. Au mieux il pense mal, le plus souvent il délire. Son délire le plus caractéristique a un nom : conspirationnisme. Le conspirationnisme est une malédiction. Pardon : c’est une bénédiction. C’est la bénédiction des élites qui ne manquent pas une occasion de renvoyer le peuple à son enfer intellectuel, à son irrémédiable minorité. Que le peuple soit mineur, c’est très bien ainsi. Surtout qu’il veille à continuer d’en produire les signes, l’élite ne s’en sent que mieux fondée à penser et gouverner à sa place".



Salut Frédéric,


Pardonne moi cet excès de familiarité, mais autant te le dire, je vais te souiller de mes connivences, ma sympathie, et aussi un désir de t'engueuler comme seul un bon ami le feraitCela parce qu'avec François, vous faites une immense connerie !

Il me semble donc qu'il est temps de me montrer brutal à ma façon...

Je te souille donc de mon aura numérique sur laquelle flottent des "
fréquentations douteuses". Je te salis déjà en t’interpellant par cette lettre ouverte ! Pire encore, j'ai l'audace de citer l'introduction que tu donnais à ton immense article sur la paille et la poutre, alors que c'est une évidence, moi le vulgaire blogueur d'opérette aux réseaux "confus", je suis bien incapable d'avoir entendu et tout à fait admis le raisonnement que tu formulais dans ce billet. Comme sur tant d'autres sujets de réflexion, je suis forcément opposé à tes considérations, du fait que je suis désormais élevé au rang de la haine incarnée jetant la confusion dans les esprits, et par voie de conséquence, un suppôt du capitalisme, par une "Horde" d'abrutis n'ayant d'autres rôle que de salir et salir encore des quidams malpensants pour offrir des ennemis nouveaux en pâture à la milice.

Je me sens malgré tout honoré d'une telle campagne de calomnies à mon sujet. C'est bien plus flatteur d'emmerder les inquisiteurs de tous poils que de lire ou entendre des propos aimables visant à m'encourager à poursuivre la route que je me suis fixée.

Je vais continuer de te salir Frédéric, car je ne te remercierai jamais assez de m'avoir fait connaître une partie de la pensée de Spinoza en plus d'être l'un de ceux qui décryptent notre monde contemporain avec une implacable précision. Quand tu écris ou tu t'exprimes, la livraison de ton analyse se transforme en acte chirurgical où tu dissèques la Société, avant de la ré-assembler sous nos yeux. Et cela fait bouillir ma propre machine à penser. Tu n'imagines donc pas ma déception en te voyant capituler face à un certain terrorisme intellectuel que tu avais pourtant dénoncé.

Il est un secret de Polichinelle que tu avais profondément blessé Etienne, qui t'admire lui-aussi, en époussetant de tes deux épaules gauches son propre nom mentionné dans un entretien filmé. Car depuis peu, Etienne portait désormais la marque de l'infamie sur son front. Une "odeur rance" émanant d'un certain Alain.  Ce qui agaçait des copains, comme par exemple Loïc de la troupe "Jolie Môme" ou encore Leïla ayant œuvré dans d'autres collectifs. Des compagnons d'autres luttes autour d'un même combat, nous sommes d'accord. Mais aux idées sectaires à bien les écouter ou voir faire...

Je m'étais cependant dis que la fatigue ou le stress pouvait parfois foutre en l'air ta superbe autorité intellectuelle, comme finalement tout un chacun. Mais aujourd'hui par ton silence, tu te montres irresponsable et faible une seconde fois. Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il appartient aux experts de donner un cap au peuple dès lors que ces derniers sont investis par celui-ci avec avec un mandat impératif, ainsi qu'un couperet référendaire au-dessus de la tête. Mais j'ai l'impression que de ton côté, tu te refuses l'idée d'accorder au peuple sa capacité à vouloir raisonner réellement dans le sens de son bien-être social. Ce qui implique d'agresser violemment un grand nombre d'intérêts financiers et industriels avec une Souveraineté populaire réellement recouvrée. Penserais-tu que seules des élites d'envergure académique sont capables d'instituer un Etat social ? Penses-tu le peuple trop bête collectivement pour maintenir une loi ou un ordre économique et social qui l'opprime s'il dispose du pouvoir référendaire de mettre fin à son oppression ?

Ne veux vraiment tu pas laisser au peuple, dans toute sa diversité et ses nuances, le droit de composer avec lui-même pour établir ses propres normes ?

Ce n'est pas seulement bâtir une autoroute pour le Front National et plus globalement le repli identitaire que de refuser d'écouter ce peuple qui souille et pense finalement autrement que ses élites à certains sujets. La bhlïsation de la Société a sans doute envahit le microcosme médiatique et les têtes de quelques petits bourgeois en mal d'adrénaline à moindres frais de réflexion, mais nous parlons ici de strictes minorités de la Société. Le peuple dans toute son immensité n'est pas crédule, et sait encore distinguer un antifasciste sincère d'un "talibantifa" (je la pique à Etienne pour le coup). Quand le bruit des bottes de la Milice hante les dalles de la place de la République, et que des hordes de petits cons, viennent provoquer les forces de l'ordre jusqu'à ce que les coups de matraque et les gazeuses arrosent indistinctement les foules pacifiques ; alors les amitiés même anciennes, les fatwas en "cryptofascisme" et faiblesses personnelles doivent être mises de côté.

Tu es une autorité, tu fais autorité, et tu es en outre autoritaire. Pourtant, tu te montres extrêmement faible en ne sifflant pas la fin de la partie vis à vis d'une partie de ton auditoire. Il est un autre secret de Polichinelle que les milices dites "antifas"  trouvent leur réservoirs de paranoïaques, d'âmes cassées et de muscles sans têtes dans des syndicats, collectifs et partis anarcho-libertaires. La majorité d'entre eux, certes, ne sont pas des gens malveillants et fascisants dans leur façon de défendre leurs idées. Mais c'est un non dit parfaitement connu d'une écrasante majorité du peuple que dans les rangs de la gauche, et notamment dans sa frange anarcho-libertaire, il y a des factions ultra violentes qui découragent un très grand nombre de gens à enrichir nos foules de leur présence.

Te fais tu au moins une petite idée des gens qui ont lu ou écouté François Asselineau (souillure !) ; Etienne Chouard (alerte antifasciste !) ; et tant d'autres encore pour comprendre certains aspects légaux de la politique ?

Ce que ces gens ont remis dans la tête des gens, et ce à quoi je m'emploie aussi à faire à ma moindre mesure, c'est du Droit dans la question politique et finalement, démocratique.

Alors oui, parmi ces affreux fascisants qui écoutent Etienne et tant d'autres,  il y a des gens succombant aux sirènes de la droite autoritaire et complaisante avec l'ultra capitalisme. Mais ces mêmes auditeurs te lisent aussi, de la même façon qu'ils ont découvert Bernard Friot ou Claude Bourguignon. Vous êtes nos experts, et nous, nous sommes le peuple avec toutes nos écorchures, nos idées mal placées, et nos relations plus ou moins suivies avec des gens plus ou moins sulfureux. Et pourtant collectivement, nous sommes appelés un jour à vous confier un mandat pour chaque Ministère, car nous aurons besoin d'experts pour piloter le paquebot France à la dérive. Mais avant que cela ne survienne, prenez vos responsabilités, et pour le moins, en tant que parrain de Nuit Debout, tu dois prendre les tiennes Frédéric.

Non seulement tu te dois de faire preuve d'autorité vis à vis des quelques unes de tes connaissances qui permettent ce climat de haine et de violence en marge des rassemblements de Nuit Debout ; mais tu dois aussi concéder que quand bien même tu es méfiant vis à vis de la démocratie, c'est un choix qui n'appartient pas aux élites, mais au peuple. Je ne suis ni un concurrent (je ne disposerais jamais de ta puissance intellectuelle), ni un aspirant mandataire à quoi que ce soit dans le futur, et encore moins un fascisant aux idéaux profondément réactionnaires.

En revanche, j'estime être un bon révolutionnaire, à minima un activiste instruit, et je ne suis pas bien certain que les puissances intellectuelles qu'il nous reviendra de désigner prochainement, sont suffisantes pour mettre en mouvement des foules et leur faire remporter la bataille médiatique, puisque tout ne tient qu'à ça.

Mais on ne soigne pas son image par la posture rassurant les "copains" lorsqu'on est intègre intellectuellement, mais par d'autres facteurs à même de rassurer la population toute entière. Tu seras d'autant plus respecté par tous ceux que la Gauche radicale a rendu orphelins et sans partis en faisant valoir ton autorité morale quand aux formes que doivent prendre ce mouvement, si tu dénonces clairement la violence et les entraves faites à la Liberté d'expression de Tous. En ne veillant pas à ce que ce Mouvement ne reste pas résolument pacifique et populaire par un avertissement donné à quelques vieux copains de route, tu lamines justement ton autorité morale et intellectuelle par ceux qui étaient prêts à te tendre la main. Et ils représentent une majorité écrasante qui n'est pas encore descendue sur les places. 

Je n'ai pas de conseils à te donner, tu feras bien ce que tu veux. Mais j'espère qu'au moins un de mes propos, qu'importe s'il ait pu susciter de la colère, de l'indignation ou du mépris, t'aura quand même fait réfléchir. Si ce n'est le cas, j'espère que cette capture d'écran sera plus parlante que mes mots, pour comprendre où mène le silence de nos meilleurs intellectuels...
Avec mes amitiés résistantes,



Sylvain 







samedi 9 avril 2016

Quand on dit "merci patron", il répond "de rien" ! [Lettre ouverte à François Ruffin]


Salut François,

J'espère que tu n'en seras pas étonné, mais j'aime beaucoup ce que tu fais. Je crains cependant de devoir utiliser le titre de ton film pour rebondir sur un problème : lorsque tu places le curseur des revendications à porter dans une mobilisation populaire durable, tu te trompes de près d'un demi-siècle s'agissant de l'ennemi à désigner :

Avec "Merci patron !", l'ennemi distingué est diffus : il va du petit artisan au principal actionnaire d'une multinationale ; autrement dit au capitalisme dans son ensemble. Sauf que les aspirations d'une civilisation accouchant d'internet et parvenant à s'ouvrir à une encyclopédie universelle dans ses toutes premières années d'existence, ne peut s'émanciper que par une révolution établissant en premier lieu la Démocratie. Ce ne peut être même que sa première revendication.

Le capitalisme n'est qu'une conséquence d'une impossibilité démocratique quant à entraver sa concurrence "libre" et acharnée sur nos vies. A l'ère des réseaux sociaux, où des millions de Français utilisent un outil aussi boiteux que Facebook, le peuple dispose sans réellement encore l'admettre d'un espace de démocratie directe.

Mais la réalité de la démocratie parfois appelée "liquide" ; surtout dès lors que l'on connait l'espace de non-censure quasi absolu qu'est internet ; c'est qu'elle ne peut que se réapproprier l'espace public en se voulant forger ses proto-institutions populaires à son image, cela à l'occasion de rassemblements unitaires. Car on ne peut recréer un espace autant qu'un modèle économique sur une place dans laquelle on converge durant quelques semaines, aussi aisément que l'on peut instaurer la démocratie durant nos rassemblements. On ne peut pas non plus mettre d'accord un néo-gaulliste, un décroissant, un communiste, un anarchiste ou "un je-m'en-foutiste" en quelques jours sur un programme politique ;  soit dit autrement : "faire converger les luttes". Certaines luttes ne peuvent pas converger intrinsèquement. Celles qui en général, ne sont pas de nature à faire respecter nos intérêts fondamentaux. Elles sont dans ce cas de l'ordre des valeurs sociétales. Et en fonction de notre part de conservatisme moral ou notre dose de libertarisme variant d'un individu à un autre, c'est bien notre modération collective dans un esprit de bienveillance qui forge le droit pour chacun d'être libre de ses opinions en République. Nous sommes Unis par cette Liberté dès lors qu'elle est garantie à Tous au sein même de nos assemblées populaires.

Ainsi, en demandant à des rmistes révolutionnaires dans mon genre, des retraités qui n'ont plus de méchants patrons cupides et tyranniques à se coltiner (oui, nous savons qu'ils le sont tous, c'est toujours très binaire la vie), ou encore des étudiants qui découvrent Etienne Chouard et Pierre Rhabi sur internet et qui commencent à imaginer le monde qu'il voudraient pour leur première trentaine d'année ; quand tu leurs demandes François, d'avoir pour première revendication de taper sur la gueule du patron plutôt que sur les responsables politiques qui leur donnent les pleins pouvoirs constitutionnels pour piller les peuples, tu déplaces le curseur sur le mauvais adversaire.

L'ennemi pour tout révolutionnaire, c'est l'autorité politique suprême du pays.

C'est en renversant le Général Batista que Fidel Castro instaura le Communisme sur l'île de Cuba. C'est donc bien au niveau politique qu'un modèle économique s'établit. Par conséquent, lorsque tu aiguilles notre regard sur un patron pourtant asservi (à de moins en moins) de normes que des élus ont voté ou fait appliquer contre notre bien être social, tu nous empêches de regarder vers le primo-responsable de la signature de tous les traités et décrets d'application des lois, sans omettre les ordonnances et circulaires pour parachever l'arsenal juridique permettant à l'ultra-capitalisme de se pérenniser et aggraver ses méfaits.

Or, quand tu acceptes de regarder droit dans les yeux ton président de la République, et lui signifier qu'il est remercié et sera prochainement traduit en justice pour crimes de haute trahison et financement d'une entreprise terroriste, tu touches à un problème de démocratie extrêmement sensible qui pourrait pourtant régler le problème que posent certains patrons-voyous. Doit-on pourtant s'en faire un tabou ? Repousser le sujet avec pudeur et le laisser à qui sera assez "tordu" politiquement pour s'y risquer ? Non, il faut désigner les responsables de notre misère et des guerres qui ensanglantent le Monde ! Les patrons n'ont pas la main mise sur l'Armée, ce sont les gouvernements qui en disposent. De même que les patrons ne votent pas les lois, ce sont les parlements (et plus rarement les peuples) qui en édictent les normes.

Lorsqu'on ne peut fédérer tout un peuple sur des idéaux profondément politiques, particulièrement lorsque cela touche aux valeurs morales de chacun, il n'y a rien à attendre d'une mobilisation. Le Mouvement que tu as accepté de contribuer à mettre en route se nourrit d'abord de foules bigarrées qui ne sont pas forcément en osmose intellectuelle à tous sujets avec les primo-organisateurs.

Tous ne sont pas anarcho-libertaires, tous ne sont pas européïstes ou mondialistes, tous ne déconsidèrent pas la Liberté d'expression. Je dirais même que l'essentiel des Français qui n'ont pas peur d'assumer leurs idées et les soumettre à la contradiction, sont très à l'aise avec la Liberté d'expression. Nous la pratiquons en famille, dans les bars, devant une machine à café, car les Français à la vie courante, ne s'interdisent pas de parler. Plus encore sur les réseaux sociaux ou absolument aucune milice politique n'a un quelconque pouvoir de contrainte physique sur nos opinions. En t'écrivant ici, j'ai l'assurance qu'aucun facho ne cherche à me couper les doigts pour qu'ils cessent de répandre ma "haine" sur ce clavier. Je suis en sécurité derrière cet écran, comme tous ceux qui utilisent les réseaux sociaux, et ne se posent donc aucune contrainte sur leur Liberté d'expression. Du plus xénophobe identitaire au plus exalté nihiliste, Facebook révèle l'âme de la France dans tous ses contrastes. Mais la majorité est modérée, à tous points de vue !

Si le Mouvement "Nuit Debout" ignore cette réalité démocratique existant déjà de fait à des niveaux cellulaires entre personnes physiques, et, numériques à l'échelle d'internet, alors il mourra de lui-même. Si au contraire, il garantit à chacun des Français, qu'importe leurs opinions, y compris celles qui heurtent ou qui dérangent nos sensibilités individuelles, qu'elles puissent être exprimées sans qu'une milice politique ne contraigne cette parole publique, alors la Révolution prendra.

Son premier principe étant donc : Liberté d'expression totale pour ses participants.

Son second principe étant : Occupation Constante et Stratégique de l'espace public !

Je voulais expliquer ce que je savais sur toutes ces questions aux manifestants mais on me contraint par la violence à ne pas pouvoir venir sur la place de la République. J'ai quand même eu le temps de te communiquer mon essai à ce sujet, cela presque à la sauvette, et tu as désormais matière à juger de mon fascisme supposé. Il est vrai que je m'affranchi aisément des tabous de la gauche de Posture lorsqu'il s'agit de réfléchir à toutes les questions régaliennes de l'Etat, qui sont associées au principe d'autorité et de système pyramidal. Si les anarchistes veulent abolir les institutions, je n'en fais pas partie. On peut les repenser en rédigeant une autre Constitution pour qu'elles respecte bien mieux les valeurs que nous estimons devoir cristalliser dans la vie publique, mais encore faut-il avoir foutu à la porte un chef d'Etat qui nous avait jusque là trahi en compagnie de ses "alliés" de toutes natures parmi nos mandataires corrompus. Organiser un processus constituant à l'échelle d'un pays, exige d'avoir la main-mise sur les institutions, en particulier sur le Ministère de l'Intérieur.

Si la Révolution n'institue pas ses procès contre les responsables physiques de l'Oppression, mais préfère focaliser le regard sur une doctrine politico-économique (le capitalisme), alors les Révolutionnaires sont sans cible réelle pour donner de la cohérence à leurs revendications. En effet, par la destitution populaire d'un chef d'Etat, tu obtiens le gel d'un ordre politique et social laissant le temps nécessaire pour en établir un nouveau. Ordre qui peut s'écrire dans les assemblées populaires sur la place de la République comme ailleurs en France, sous la forme d'un Mandat Impératif.

La Révolution a à ce titre besoin de ses experts, et ces mêmes assemblées pourraient proposer des noms d'intellectuels, d'ingénieurs, de techniciens, de journalistes, qui seraient compétents sur certains ministères, avant d'organiser des référendums pour faire approuver ce gouvernement composite issu du bouillonnement intellectuel permis par une Liberté d'expression sincèrement respectée.

Bien d'autres initiatives peuvent naître d'une Démocratie Directe intègre dans son pilier porteur. C'est d'ailleurs parce que ton appel a été bien partagé sur facebook que je fus là les deux premières nuits, cela avant que des milices politiques "mandatées" par de mystérieuses commissions émanant du Collectif "Convergence des Luttes" m'agressent littéralement à partir de la troisième pour m'empêcher de revenir.

Chaque fois que j'y suis retourné, heureusement en compagnie de personnes absolument irréprochables dans leurs aspirations humanistes personnelles, nous fûmes repoussés vers la sortie par cette milice. J'ai ainsi en ma connaissance l'identité d'une personne faisant partie de cette milice -  se faisant passer pour "service d'ordre" - contre qui je réserve mon dépôt de plainte pour violence en bande organisée ; entrave à ma liberté d'expression et de réunion ; discrimination sur mes opinions politiques. Ce service d'ordre, ne donne pas envie de dormir à la Belle Etoile en tout cas...

En termes de valeurs, je ne crois pas que la violence, la censure et la discrimination soient à proprement parlé des thématiques défendues par la gauche. Je sais à laquelle j'appartiens, et je ne succomberai pas au Diktat de la gauche de Posture jusqu'à son versant fascisant qui consiste à s'auto-censurer. Je suis un garçon obstiné.

Si tu as lu mon essai, tu m'objecteras qu'il ne permet pas de savoir si je suis de gauche ou de droite, mais je préfère m'en justifier qu'autour d'une bonne bière, et non à l'écrit. Mais reconnais au moins que je propose un plan de reconquête du pays, et que je parle énormément de Démocratie à ma façon. Ce qui peut difficilement faire de moi un fasciste ou tout autre hurluberlu associé dans les listings des réseaux dits "antifas". Je suis tout à fait conscient que si Pierre Rhabbi et Etienne Chouard parviennent à se faire qualifier de "crypto-fascisants" par des conspirationnistes totalement paranoïaques, dans ce cas, n'importe qui peut se faire insulter de la sorte.

Les "Commissions" ont fait approuver un vote visant à faire interdire de citer sur la place de la République, des "valeurs" qui pourraient nuire à l'image de "Nuit Debout" quelques heures après qu'une première assemblée avait voté en plus grand nombre, une motion décrétant la liberté d'expression totale au sein de nos assemblées citoyennes. Ce qui est en soi un déni de démocratie. Quand on est en plus capable de caser dans des "valeurs" d'extrême droite n'importe quel intellectuel ou penseur un peu original, et que d'autres philosophes-économistes ou journalistes alternatifs, derniers remparts à cette dictature de la bien-pensence, se prennent au jeu de succomber à une telle tyrannie intellectuelle, cela se traduit par de l'auto-censure sur l'espace public, voire à des agressions physiques bien réelles et une absence de Démocratie dans les assemblées populaires formées par nos rassemblements. Si l'on ne veut pas écouter ce que pense son adversaire, non seulement on prouve ne pas être certain de pouvoir contrarier ses arguments - et en ce cas, nous assumons notre censure pour ne pas nous vexer de notre ignorance par anticipation - mais on se contraint de toute façon à ne pas repenser l'organisation de notre pays en tant que peuple unifié.

Peut-être est-ce la thèse de la gauche de posture que de considérer que le chômeur qui vote Hollande ou Sarkozy au premier tour, ou encore l'ouvrier qui vote Marine Le Pen sans état d'âme, ne méritent plus de faire parties du peuple, et d'être entendus. Mais ma gauche à moi est évangélisatrice. Elle écoute beaucoup, elle médite ensuite, et tente de bâtir une réponse pour rallier à sa cause un gauchiste qui s'ignorait. Elle cherche à opposer son analyse de la complexité d'un problème politique, pour démontrer qu'en traitant d'abord en amont celui-ci, on peut parvenir à une Société plus juste et plus sociale mieux que si l'on se borne à en régler les seules conséquences. Mais ma gauche n'ignore pourtant pas le pus social et culturel général généré par des décennies de reniements politiques, cela dans tous les aspects sociaux y compris les plus sensibles. Ma gauche préfère y méditer sans tabous, plutôt que de placer trop de pudeur, voire de la censure y compris par la violence, pour n'avoir jamais à y répondre. C'est d'ailleurs parce que la Gauche radicale s'est laissée piéger par les mystifications d'une minorité d'elle-même, qu'elle laisse aujourd'hui le Front National écoper à grands sceaux les voix aussi protestataires qu'orphelines. On ne lutte donc pas contre le Front National par la censure et la violence, mais bien par la Liberté d'expression.

Si je t'écris François, c'est que j'en ai marre de me faire rejeter par des MILICES POLITIQUES sur la place de la République, "mandatées" par de jeunes responsables un peu sectaires du Collectif "Convergence des Luttes". Toi qui est journaliste, qui connaît bien ce qu'est la Charte de Munich, tu ne peux pas être insensible à l'importance de respecter la Liberté d'expression. Tu es aussi un peu le parrain avec Frédéric Lordon de ces rassemblements, et tu ne fais pas des questions de souveraineté et d'indépendance nationale, des thèses renvoyant automatiquement au fascisme. Bien au contraire, traiter de ces questions, nous obligent à parler de démocratie.

Si ma lettre ouverte parvient jusqu'à tes yeux, j'aimerais que tu parles à ces "commissaires" et que tu leur fasses comprendre que ce Mouvement aura besoin de tous les Français. Beaucoup, sur les réseaux sociaux, n'osent pas venir, car ils savent ce Mouvement "noyauté" politiquement ce qui suscite leur méfiance. Si cette impression reste maintenue dans les consciences, le Mouvement perdra de son aura populaire. Je ne te demande donc pas de passer quelques coups de téléphone seulement pour que je puisse me sentir en sécurité sur la place de la République, mais davantage pour nous tous : pour nous garantir que chacun peut venir tel qu'il est, car une Révolution n'appartient qu'au peuple, pas à ses primo-initiateurs.

Avec mes amitiés résistantes,

Sylvain