lundi 31 juillet 2017

La main invisible d'une finance sans noms et sans visages

C'est en cherchant l'évasion de l'esprit dans les sciences, que l'on se trouve parfois frappé par une information recueillie, et qui prend un sens tout à fait équivoque dans des débats politiques très prégnants de notre société.

J'écoutais donc le mathématicien Etienne Ghys tenir une conférence sur certains outils statistiques, lorsque pour illustrer les recherches conduites par Carl Friedrich Gauss et Pierre-Simon de Laplace sur ce sujet, il fit appel à la citation suivante pour conclure sur la loi des probabilités que ces géants du XVIIIème Siècle, déblayaient :

"La valeur scientifique de la théorie des probabilités tient en ceci :

Un grand nombre de phénomènes aléatoires dans leur action collective créent un phénomène qui n'a plus rien d'aléatoire".


Je n'ai alors pu m'empêcher de penser à cette doctrine économique implacable à laquelle nombre d'européens sont complètement enferrés par traités, consistant à énoncer comme une loi infaillible, que la main invisible du marché est en elle-même auto-régulatrice.

Cette pensée héritée d'Adam Smith et qui trouve pourtant ses nuances (ou contradictions) dans son essai sur "la recherche de la nature et des causes de la richesse des nations" a été érigée en dogme par les libéraux qui y trouvent ainsi une absolution académique et un encouragement philosophique à leurs comportements prédateurs. Pourtant, si l'on s'en tient même au paragraphe d'où cette citation est extraite, la conclusion que dresse Adam Smith sur cette main invisible du marché prend toutes les formes d'un avertissement :

"Chaque individu tâche, le plus qu'il peut, premièrement d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et deuxièmement de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. 

A la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. 

Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir. »

Effectivement, on ne guérit pas les comportements égoïstes par des longs discours, mais par des lois qui réglementent le commerce, par le contrôle du peuple sur sa monnaie et son taux de change, et une fiscalité privilégiant les monopoles nationaux que n'appréciait guère Adam Smith, tout comme les libéraux d'aujourd'hui.

Ceux d'aujourd'hui en particulier, leur préfèrent les monopoles supra-nationaux. C'est encore la meilleure façon de s'abriter des lois des peuples, voire leur dicter celles qui leur sont les plus favorables. Monsanto et Goldmans Sachs sont des acteurs si anonymes et bienveillants du "marché" contrairement au méchant Etat. Comment imaginer une quelconque loi qui puisse réguler voire entraver leurs activités ? Au fou !

Il faut cependant se replacer dans le contexte du XVIIIème siècle pour comprendre la pensée du quasi inventeur du "libéralisme". Quand Adam Smith écrivait :

"Chaque individu tâche, le plus qu'il peut, premièrement d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et deuxièmement de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société"

; il faisait valoir à la fois un préjugé "bisounours" sur les ressorts mentaux qui prévalent à nos comportements de commerce, autant qu'une réalité de fond s'agissant des choix motivant la majorité des transactions de son époque.

D'une part Adam Smith était Anglais, et les Sujets de sa Majesté ont beaucoup de défauts cultivés depuis plusieurs siècles, mais pas celui de manquer de fibre patriotique. Je crains que cette fibre soit plus inégalement partagée en France que ce soit à l'époque de la Révolution Française qui est plus contemporaine de l'auteur ou que ce soit en notre ère plus actuelle. Il n'y a donc aucun conditionnement autre que celui du pouvoir d'achat qui détermine le comportement de la majorité des consommateurs, cela hier comme aujourd'hui, particulièrement quand les nations sont appauvries volontairement par leurs dirigeants. 

Du reste, en son époque, les économies étaient fortement nationales malgré des relations de commerce importantes avec le reste du monde. Les lignes téléphoniques n'existaient pas encore, les navires de commerce étaient beaucoup plus soumis aux aléas naturels et à la piraterie qu'aujourd'hui, et bien que les lettres de change permettaient déjà les règlements internationaux, les risques étaient plus importants et les délais sensiblement plus longs. De fait, quand Adam Smith rédige l'essai qui enfantera tous les totalitarismes bourgeois bien malgré lui, les régulations sur les importations qu'il dénonce, représentaient effectivement un frein pour l'innovation et les gains de productivité à rechercher, car elles s'additionnaient à une contrainte technologique déjà forte. La première régulation intrinsèque au commerce international d'alors, était l'addition des risques et des délais inhérents à la distance de transport. La motivation était donc plus forte de chercher directement sur le territoire national les biens et services souhaités par un acteur économique local. Cette régulation géographique n'existe plus aujourd'hui du fait de notre environnement technologique actuel, accélérant et sécurisant prodigieusement les flux de capitaux et de marchandises. Notons tout de même qu'à cette époque, Adam Smith observait déjà que : 

"En gênant, par de forts droits [de douane] ou par une prohibition absolue, l'importation des sortes de marchandises qui peuvent être produites dans le pays, on assure plus ou moins à l'industrie nationale qui s'emploie à les produire, un monopole dans le marché intérieur.

Ainsi, la prohibition d'importer ou du bétail en vie, ou des viandes salées de l'étranger, assure aux nourrisseurs de bestiaux, en Angleterre, le monopole du marché intérieur pour la viande de boucherie. Les droits élevés mis sur l'importation du blé, lesquels, dans les temps d'une abondance moyenne, équivalent à une prohibition, donnent un pareil avantage aux producteurs de cette denrée. La prohibition d'importer des lainages étrangers est également favorable à nos fabricants de lainages. La fabrique de soieries, quoiqu'elle travaille sur des matières tirées de l'étranger, vient d'obtenir dernièrement le même avantage".

Il ajoute, et j'attire l'attention de ceux qui cherchent à enrayer le chômage de masse :

"Il n'y a pas de doute que ce monopole dans le marché intérieur ne donne souvent un grand encouragement à l'espèce particulière d'industrie qui en jouit, et que souvent il ne tourne vers ce genre d'emploi une portion du travail et des capitaux du pays, plus grande que celle qui y aurait été employée sans cela".

Il est vrai que si l'on imagine souvent la condition sociale des ouvriers et paysans durant le Moyen-Age ou la Renaissance comme nécessairement plus précaire que ce qui a prévalu à partir du début de l'ère industrielle, la réalité serait sans doute plus nuancée. Par économie de temps, je ne divergerais pas plus sur ce sentier, mais remarquons qu'Adam Smith note qu'on employait volontiers "trop" de ressources humaines et de capitaux pour produire certaines marchandises. Dès lors qu'un marché national obtient en quantité et en qualité les produits dont il a besoin, tout ce qui risque d'être "gaspillé" en ressources humaines et capitalistiques, aura nécessairement une portée sociale satisfaisante. Cela puisque la monnaie circule d'une part (et c'est son unique rôle, fondamentalement) et qu'il y a plus d'emplois que nécessaires de proposés. Ce qui signifie à la fois un déclin de la pauvreté de masse et un temps de travail mieux réparti pour les employés. 

Si telle était notre volonté politique, nous pourrions réduire à presque rien les réglementations et tarifications douanières sur les marchandises que nous ne pouvons produire directement et qui sont essentielles à notre vitalité économique et sociale, tout en nous montrant plus drastiques vis à vis de toutes sortes de produits d'importation qui d'une part entretiennent un différentiel de niveau de vie entre les nations du fait que l'abolition ou la réduction des régulations douanières n'est pas conditionnée à des nivellements sociaux et écologiques en contrepartie ; et du fait d'une autre part, que l'intérêt d'Etat pour toutes les nations, c'est l'auto-suffisance alimentaire et industrielle à conquérir ou maintenir tant pour garantir le plein emploi, que la sûreté sociale et militaire du pays. Voila pourquoi l'économie touche de près les intérêts fondamentaux de la nation, et que le peuple a son mot à dire sur les lois qui régulent ou dérégulent le marché. Et cela transcende complètement les intérêts particuliers des producteurs ou commerçants. C'est aussi pour la même raison que le commerce et la monnaie doivent rester sous contrôle politique de la nation.

Le libre échange et l'abolition progressive du rôle de l'Etat dans la direction économique du pays, sont fondés sur des préjugés, laissant à croire que la somme de nos intérêts individuels, créent de facto une harmonie économique et par conséquent sociale, du fait des ajustements continuellement opérés par les producteurs et commerçants pour performer en terme de productivité, ce qui déboucherait sur l’accroissement de leur activité en l'absence d'"entraves" et créerait se faisant, des emplois grâce aux plus-values obtenues. A ces acteurs économiques de "la main invisible du marché", s'ajoute la volonté supposée naturellement sociale et bienveillante des consommateurs. Et pour cette raison, il serait essentiel de disjoindre l'Etat de l'économie en général, continuent d'exiger en cœur les émissaires du MEDEF et de Goldman Sachs.

Chacun des acteurs économiques (consommateurs, producteurs, négociants, commerçants), correspond à N facteur de probabilités d'une action micro-économique efficiente pour l'économie générale. C'est ce qui est supposé en entretenant l'idée que la somme des intérêts privés conduit à des équilibres économiques rationnels par une auto-régulation du marché. Cependant, le système économique et monétaire mondial n'étant ni incitatif dans les comportements, ni en lui-même générateur d'une conscience sociale pour chacun des individus, la somme de cette action collective dans un "marché libre et non faussé" débouche sur un résultat qui n'a strictement rien de rationnel si l'on juge l'intensité de la misère sociale et des gaspillages produits par cette doctrine totalitaire.

Ce que nous constatons en terme de pauvreté, de montée du totalitarisme en Europe, de guerres de pillage au Moyen-Orient et en Afrique, c'est le résultat d'un grand nombre de phénomènes que l'on a volontairement rendu aléatoires et qui entraînent des comportements prédateurs toujours croissants. Le libéralisme, et plus fondamentalement la doctrine du libre échange, n'apportent strictement aucun progrès social que ce soit dans les faits largement constatés en plusieurs décennies dans notre propre pays ou même dans la solidité philosophique et empirique de la théorie économique défendue par notre oligarchie politico-médiatique. 

Le déclin de la France et des pays du Sud de l'Europe, n'est pas lié à autre chose que l'arbitraire des prédateurs financiers pouvant faire voyager leurs capitaux quand et où bon leur semble, n'ayant de compte à rendre à personne, ni à s’assujettir à aucune réglementation ou taxe de nature à décourager leurs comportements les plus néfastes. C'est à dessein, qu'ils ne sont pas soumis à la suprématie de l'intérêt social du peuple sur les régulations politiques à opérer sur le "marché". Un Etat, un peuple, une famille, un être humain ne sont pas "un marché", encore moins des "marchandises" et n'ont pas à se soumettre à une somme d'intérêts particuliers inclus dans le dit-"marché". Empêcher les peuples de naviguer à vue et de se projeter dans le temps, c'est aussi façonner des comportements irrationnels, au-delà même des effets délétères de l'économie sur leur propre pouvoir d'achat. 

Si le peuple français ne récupère pas sa pleine souveraineté politique sur ses relations de commerce et sa monnaie, il restera soumis à N facteurs aléatoires existant dans le monde, qui combinés, ont pour résultante la désindustrialisation de son pays, l'effondrement de notre paysannerie, le chômage de masse et la misère sociale avec toute la part de violence qu'elle induit.

A l'exact inverse, si notre peuple reprend le plein contrôle de sa boite à outils macro-économique, nous recouvrerons toute la puissance politique nécessaire permettant de contraindre tous les agents économiques les plus irrationnels à beaucoup plus de sagesse s'ils tiennent à poursuivre leur activité, voire ne pas faire échouer leur cupidité jusque dans la cellule d'une prison.

Et quand on évoque des régulations purement monétaires et commerciales, nous ne parlons pas ici d'être nécessairement dans une économie dite "communiste". Jusqu'en 1983 en France, ces régulations existaient pour l'essentiel d'entre elles. Ce fut aussi la même année où l'on actait la fin des 30 Glorieuses commencées dix ans plus tôt, avec les premières dérégulations monétaires ainsi que le premier choc pétrolier opérés durant la même année 1973. Ces trois décennies bénies où l'Etat investissait directement dans son industrie d'avenir (le nucléaire, le rail, l'aéronautique, les télécommunications, etc), régulait son commerce international par voie monétaire, fiscale et réglementaire, et où l'on pouvait "dire merde à un patron" et se faire embaucher par celui d'en face avec un meilleur salaire encore, tout cela, nous refusons obstinément de le restaurer par nos votes ou la Révolution avec les adaptations liées à notre temps. Tous les Français de ma génération ayant discuté avec leurs grands parents, peuvent témoigner que nous avons connu le plein emploi, et que le plan Marshall et la reconstruction d'après guerre, ne suffisaient pas à expliquer le dynamisme de notre économie sous l'aura de Charles de Gaulle.

Il n'y a pourtant qu'une seule explication. Elle est affreusement simple : le peuple, quand bien même par la voie de sa représentation nationale, avait le plein contrôle de sa monnaie et de ses relations de commerce avec l'étranger.

Ces pans de souveraineté qui ont été retirés au peuple, peuvent être compris comme transférés au "Monde de la Finance", puisque ce n'est même plus l'Etat qui édicte ses lois bancaires nationales et sa réglementation économique générale : ce sont les banquiers eux-mêmes. 

Au-travers des accords de Bâle sur la politique monétaire, au-travers du lobbying et la corruption sur les institutions européennes afin d'obtenir des traités abolissant tout droit de contrainte des Etats sur le commerce et la monnaie, ainsi que des réglementations favorables aux industriels et rentiers en général, par le biais de directives et règlements approuvés dans un parlement européen fantoche et concoctés par des Commissaires dégoulinant de conflits d'intérêts manifestes et sans aucune légitimité élective.

Nous n'avons plus le contrôle de notre économie, et pire encore, nous laissons une cohorte de vieillards, de bourgeois et de Français sous-éduqués mais sensibles à tous les artifices marketing, maintenir électoralement jusque dans les plus hautes institutions politiques du pays, les pires traîtres et collaborateurs que la France ait enfanté. 

Le déclin industriel, agricole et social se poursuivra durant ce quinquennat, c'est une absolue certitude. Il ne peut être renversé qu'en renversant Macron lui-même, ainsi que toute la petite oligarchie ayant creusé son trou au parlement, dans la haute administration et jusqu'au sein-même de l'autorité judiciaire. Tous ces gens sont à la fois les idéologues, les larbins complices, et les bourreaux du peuple. Et il ne suffira pas de renverser les félons de la République. Il faudra aussi renverser la table à l'OMC et au Conseil Européen. Sortir de l'euro et du TFUE immédiatement comme mesure d'urgence au rétablissement de la vitalité économique et sociale française, mais aussi menacer de sortir de l'OMC, voire du FMI, si les dogmes en matière de coopération internationale par le commerce et l'investissement, ne sont pas totalement revus pour ne pas dire abattus.

Les Français sont tout à fait enclins à inscrire exclusivement dans leurs pratiques sociales,  les principes de commerce équitable et de production dite "bio" ou "responsable" du point de vue environnemental. Mais en laissant le "Marché" souverain par l'absence de normes contraignantes visant à lui imposer des modes de production et de commerce qui satisfassent le corps social, il s'institue en réalité un marché de classe :

Le plus haut niveau de qualité de service ou de production reviendra à celle ou celui qui a le pouvoir d'achat à même de financer cette qualité. 

La qualité la plus médiocre des biens et services reviendra aux plus déclassés incapables de consommer exclusivement voire même épisodiquement des produits "bio", ou issus du "commerce équitable" et plus encore "made in France"

Une tomate bio, c'est une attention humaine constante sur la qualité du cultivar et de son environnement immédiat, et c'est ce qui garantit ses qualités nutritives et son goût. C'est aussi une tomate qui sera consommée au plus près du producteur. On devrait même retirer le label "bio" à tout produit ayant voyagé plus de 200 km entre le producteur et le consommateur. 

Comment peut-on considérer dès lors qu'il soit acceptable et "rationnel" d'importer des tomates sans goût, cultivées en Andalousie sous serre et en vidant la précieuse nappe phréatique locale, cueillies encore vertes par des ouvriers agricoles gagnant moitié moins que les ouvriers français ; cela comme s'il était une totale imbécillité économique et politique de nous montrer plus exigeants avec la qualité de nos aliments ? 

Que peut dès lors faire un producteur de tomates "bio" en France contre un marché aussi dérégulé qu'ouvertement faussé ? Rien, si ce n'est être assuré qu'il y aura toujours assez de bourgeois au-delà d'une classe moyenne en voie de paupérisation, pour que sa production soit écoulée. Mais le consommateur pauvre, lui, n'a pas les moyens d'envisager la qualité pour son alimentation. Tandis que le producteur "bio", philosophiquement voudrait nourrir le monde entiers de produits sains, et coopérer pour cela avec des millions de petits producteurs de son pays, plutôt que se soumettre aux intérêts d'un petit nombre d'agro-industriels portant un regard strictement capitalistique à leur activité, et disposant de l'essentiel du foncier agricole en France.

Le consommateur pauvre pour sa part, face à son impuissance politique et monétaire, choisira la tomate importée d'Espagne, et c'est donc son potentiel emploi d'ouvrier agricole chez un maraîcher en France, qu'il annihilera se faisant. La pauvreté est croissante car elle engendre elle-même dans la faible valorisation de ses comportements de consommation, le nivellement social et écologique par le bas. Rendez riches tous les pauvres du monde, et ils deviendront les consommateurs les plus vertueux au point que le bio deviendrait la seule norme admissible, comme cela serait le cas avec le commerce équitable. Et encore, l'on constate bien que c'est dans l'hyper-classe financière, que l'on rencontre les comportements les plus prédateurs. Ce qui démontre bien que peut importe par quel préjugé nous souhaitons aborder la question purement humaine de nos comportements, il est de l'ordre du bon sens et de la raison d'anticiper les actions les plus viles et hostiles à l'intérêt social du peuple, par des lois qui n'empêchent nullement le commerce et l'investissement, mais en circonscrivent les abus.

Aussi, refuser depuis des décennies non seulement de criminaliser les montages financiers les plus spéculatifs, de donner les moyens à la Justice de punir au portefeuille les évadés fiscaux, mais pire encore, cet acharnement à démonter tous les mécanismes qui prévenaient en eux-mêmes la majorité des abus constatés aujourd'hui, c'est une véritable trahison.

Car la finalité concrète de cette doctrine économique imposée au peuple, ce sont des morts sous les ponts, des suicidés et de la violence sociale allant toujours croissant. Et ce ne sont pas les bourgeois qui subissent cette violence, mais les pauvres eux-mêmes.

Voila pourquoi la génération politique de Macron se permet d'être arrogante. Ce sont des gens riches, ne fréquentant que des cercles issus de leur classe sociale, et tout à fait imperméables à la violence sociale qu'ils génèrent. Ils ont toujours été à l'abri de cette misère, ne la comprennent pas, et sont même persuadés que les pauvres sont trop stupides pour savoir créer eux-mêmes leurs chances pour rentrer dans leur cercle.

A aucun moment ils n'envisagent que créer ses chances, suppose des partenaires commerciaux à mobiliser à partir de rien, la confiance d'un banquier sur un concept qui peut être très novateur et risqué et un niveau de vie suffisant pour assumer toute la phase de construction et de solidification de son projet entrepreneurial. Ce qui représente souvent plusieurs années pour un individu, où malgré le désintérêt des banquiers et des partenaires commerciaux sollicités et la pesanteur administrative et fiscale sur son activité, il faudra serrer les dents et rester motivé jusqu'au bout.

Combien d'individus en France ont selon M. Macron, les dispositions psychiques et financières à la fois pour innover et entreprendre, et surtout maintenir leur projet dans le temps face à la somme de toutes ces contraintes édictées plus haut ? Quant aux autres, c'est à dire l'écrasante majorité du peuple, que sont-ils ? Des "rien" ? Des "sans-dents" pour paraphraser son parrain politique ? Et dans ce cas qu'en fait-on ?

Si les libéraux avaient réellement souhaité faire la démonstration du comportement préjugé bienveillant de la majorité des acteurs économiques conduisrait de facto à ce que les progrès industriels et technologiques soient eux-mêmes facteurs de progrès sociaux, il leur suffisait de s'assurer que dans un tel modèle, tous les consommateurs de la planète (et pour le moins de notre pays), puissent s'aligner sur le niveau de vie d'un Français gagnant 1500 € en province, cela au moyen d'un revenu universel proportionné. Cela aurait permis qu'à minima, tout le monde puisse accéder à des produits de grande qualité, jusqu'à rendre ces derniers de plus en plus concurrentiels face à des produits industriels plus médiocres ou dont le lieu de production est trop éloigné au point de rendre le prix du transport trop prohibitif dans le coût final. 

Dans un univers fortement libéral, ce qui doit coûter de l'argent à l'opérateur économique et en faire gagner à l'Etat, ce sont les flux de la marchandises et de capitaux. Les gains de productivité sont à chercher en dehors de ces régulations indispensables pour garantir un minimum d'équité entre les nations dans leurs coopérations. Et gageons que si un univers libéral enchanté devait correspondre à une nation d'entrepreneurs, un revenu universel qui fasse concurrence au salaire minimum serait alors un cadre indépassable pour assurer cette liberté d'entreprendre sans entraves. Un entrepreneur doit être libre de son temps pour lancer son activité, et jouir d'une réelle sécurité financière. Un salarié pour sa part, vend son temps de travail à un employeur pour garantir sa sécurité financière. Ce sont deux comportements très différents. La majorité des entreprises qui n'ont pas et ne seront jamais créées, ne doivent rien à un manque de créativité et d'ambition d'une très grande partie de la population, mais doivent tout à la contrainte de survie de cette dernière. Travailler pour avoir un toit au-dessus de la tête et quelque chose à manger le soir suppose de mettre ses ambitions et sa créativité de côté.

Je ne crois pas M. Macron et sa majorité parlementaire totalement inféodée, capables de redonner au peuple le plein contrôle de sa politique commerciale et monétaire. Bien au contraire, la volonté est d'aggraver nos pertes de souveraineté, en témoigne le dépeçage par des fonds étrangers de notre industrie militaire, et la volonté d'européïser notre dispositif de défense.

Quand décision est prise de retirer à un peuple son indépendance jusqu'au sein même de son organe militaire, soit le cœur nucléaire de l'Etat, croyez vous que des traités économiques portant autorité politique au "Marché" soient le soucis de ces félons ? L'ambition est claire, constatée, circonstanciée, étayée par des années de violation du titre premier de la Constitution française par les "élites" politiques : nos dirigeants sont apatrides, haïssent notre pays, notre peuple, et nous livrent à tous les intérêts hostiles. Ils détruisent méthodiquement et pièce par pièce un pays tout entier pour en construire un plus grand.

On accuse ceux qui veulent simplement restaurer la souveraineté du peuple français en son pays d'être des "nationalistes". Mais c'est faire fi du nationalisme encore plus dégueulasse et totalitaire véhiculé par les européïstes. Eux rêvent pour leur part d'un Etat factice à dimension européenne, et ils le bâtissent sans notre consentement. Déconstruire la France en contraignant par la censure ou la diffamation toutes les oppositions, et faire de notre futur ex-pays, une région composite d'un Empire européen pensé par des Allemands et des Américains pour leurs propres intérêts nationaux, voila le projet.

Si depuis des années j'appelle à la Révolution, c'est pour signifier que même pour rétablir notre souveraineté économique en France, il faudra nécessairement épurer nos institutions des collabos et des traîtres qui y sévissent. Que l'on juge ma pensée comme trop radicale ou extrême ne lui retire pas son bon sens et sa raison d'être au regard de l'Histoire.

J'encourage tous ceux qui auront été capables de boire jusqu'à la lie ce diagnostic autant que cet avertissement, et y trouver effectivement un peu de bon sens, à aller jusqu'au bout de leur désir de balayer les années douloureuses en nous rejoignant du 8 au 11 Septembre prochain devant la Maison de la Radio à Paris. Cela afin de réclamer des comptes sur le régime de propagande entretenu depuis plus de deux décennies, mais aussi pour exiger la tenue d'un référendum au printemps prochain introduisant dans la constitution une procédure de référendum d'initiative populaire indépendante de l'aval du parlement ou du gouvernement. Le quatrième alinéa de l'article 11 de notre Constitution, rend caduque toute initiative populaire de la loi par le faisceau de contraintes qu'il oppose, en particulier sur le fait qu'elle nécessite l'initiative d'un cinquième du parlement qui soit favorable à une pétition du dixième du corps électoral (4,5 Millions de Français) pour, par exemple, sortir la France de l'U.E et l'euro ou destituer Emmanuel Macron.

Croyez-vous cela crédible ?

Dès lors que nous aurons accès au droit de légiférer à tous sujets, indépendamment de l'avis des institutions représentatives et avec un pouvoir contraignant sur ces dernières, nous n'aurons plus jamais de raisons de manifester. Notre représentation se saura légitime car révocable, et les Français pourront décider de leurs relations à l'Union européenne ainsi qu'aux autres institutions internationales de façon générale. Dans l'attente, il faut pour cela que le débat politique sous-jacent soit autorisé d'Antenne. C'est à ce titre que je compte sur votre mobilisation, pour que les intellectuels, politiques, associatifs et artistes qui défendent la cause du peuple puissent enfin être entendus, et que les mensonges économiques ou géopolitiques entretenus par la bande à Joffrin et Cohen soient démystifiés. Notre servilité découle de notre consentement à être abêtis par des médias vendus. Refusons cela.

Je compte sur votre courage et votre inquiétude pour l'avenir, mêlés.

Sylvain Baron



jeudi 20 juillet 2017

De l'autorité légitime.

Le président Emmanuel Macron débute donc son mandat, en défiant l'institution militaire et en cherchant à lui imposer son "autorité"

Mais il témoigne ici qu'il ne mesure pas la différence entre commandement militaire qui lui est conféré par la Constitution - ce qui est relativement neutre - de ce qui relève de l'autorité légitime. Il convient ici d'aborder quelques aspects de la question, pour ne pas laisser d'impressions erronées sur ses fondements.

L'autoritarisme des chefaillons ne peut en effet être confondu avec l'autorité naturelle des grands Hommes.

Toute personne revendiquant ostensiblement son autorité sur les corps régaliens de l'Etat, explicite en vérité qu'il n'en a aucune. L'autorité ne se revendique pas, ne se justifie pas, elle est le résultat silencieux mais tacite d'un consentement. Aucune disposition constitutionnelle ne légitime l'autorité humaine et politique sur un peuple en arme. Le distinguo doit être opéré, et c'est d'ailleurs ce qui fut fait à la Libération le 9 Août 1944 par le général De Gaulle, et pourrait être renouvelé afin de clôturer le mandat du chefaillon Macron.

Rappelons que plus près de nous, il y eut deux autres moments où l'Armée Française, chercha à rétablir d'une façon ou d'une autre la puissance de l'Etat face au politique.

La première fois en 1958 lorsqu'elle fit pression sur le parlement pour installer De Gaulle au mandat de président du Conseil, la seconde fois en 1961 pour se rebeller sur la question de l'Algérie. Contrairement à toutes nos ex-colonies, il y avait un fort sentiment d'attachement et d'interconnexions familiales avec l'Algérie française pour beaucoup de nos concitoyens de l'époque, et c'est ce qui explique pourquoi la séparation s'est faite dans la douleur, et s'est accompagnée d'un schisme profond ayant altéré la discipline militaire tant au sein même de l'institution que face au politique.

Si ces périodes de crises sont considérées comme dangereuses pour la démocratie par les bien-pensants qui jouissent du droit d'exposition médiatique, la réalité est tout autre l'essentiel du temps.

Depuis l'Antiquité, l'on sait que la plèbe romaine préférait accorder sa confiance aux chefs militaires pour assurer la Justice, plutôt qu'en laisser le total contrôle aux puissants sénateurs. La plupart d'entre eux était tout aussi hostile aux intérêts du peuple que ne le sont nos parlementaires d'aujourd'hui. Cette reconnaissance instinctive de l'autorité militaire comme supérieure à celle de la représentation politique, découle d'une raison historique : tout citoyen romain pouvait échapper à l'impôt et au paiement de ses dettes, en s'engageant dans l'armée. La dimension civique de l'institution était déjà pleinement consacrée. Les lois de Lucius Sartunius et Caïus Glaucia en - 100 avant Jésus-Christ, retirèrent même aux sénateurs (généralement créanciers de la plèbe) leur droit de siéger dans les tribunaux, au profit des chevaliers. L'Armée était alors déjà une institution qui garantissait l’élévation au mérite, et non pas sur la fortune. Le citoyen romain qui revenait à la vie civile, était donc respecté pour avoir survécu et voyagé dans des contrées hostiles, mais aussi parce que même devenu un soldat, officier ou général reconnu pour ses faits d'armes, il restait pour grande partie issu de la plèbe et donc plus en phase avec les intérêts du peuple.

Après 2000 ans d'histoire gallo-romaine, de féodalité franque et de construction lente du pré carré de l'Etat, ce lien entre l'armée et la nation ne souffre toujours pas de contestation. La nation étant en substance : le peuple disposant de la souveraineté politique sur les institutions créées sur son propre territoire. Un peuple qui ne dispose pas de son droit à l'auto-détermination comme les Kurdes ou Palestiniens, n'est pas une nation. C'est un peuple soumis à tous les arbitraires.  Pour qu'un peuple existe, et puisse définir le territoire où il compte exercer sa souveraineté politique - en général sur la base d'une communauté de langue et donc de compréhension mutuelle - il lui faut être en capacité d'une part de repousser toute manœuvre militaire hostile sur son territoire revendiqué, mais aussi disposer du contrôle sur sa propre représentation politique. C'est pour cela que depuis la tribu jusqu'à la nation, le peuple s'arme pour se défendre tant des autres que d'une partie de lui-même. Et c'est aussi pour cette raison que la représentation militaire du peuple, reste instinctivement considérée comme la plus légitime à exercer son autorité, y compris sur le politique lorsque c'est nécessaire. Le glaive tranche tous les débats.

Comme il est parfois nécessaire d'illustrer une idée par son exagération pour mieux appréhender sa subtilité dans son quotidien, je nous propose un petit détour sur un exemple apocalyptique permettant d'anticiper ce qui adviendrait si la France devait subir une crise majeure. Admettons directement une guerre, comme ce qui est advenu en 1939, mais cette fois-ci, nous n'avons plus de pétrole, nous avons plusieurs villes rayées de la carte, le parlement a été détruit, le gouvernement est vacant, plus de la moitié de la population a été décimée par la faim ou les bombardements et nous sommes au premier jour de la paix.

D'une part, toutes les technologies et moyens de garantir leur alimentation en énergie ne seront pas réduits à néant sous prétexte d'une guerre majeure. Dans les campagnes et certaines villes, on aura été plus épargné ou solidaire. Ceux qui avaient un poste dans la fonction publique ou l'armée, auront continué même sans solde ou traitement, de faire fonctionner les institutions autant que faire se peut. Les gens disposant d'un savoir-faire, auront continué d'exercer celui-ci et seront même en situation de le valoriser après le conflit. Et c'est l'armée, qui en dernier recours, si le politique n'est plus en capacité d'exercer l'intendance, qui organisera la logistique pour ravitailler les populations, rétablir les institutions en souffrance, et l'état de droit si nécessaire. Même sans police disponible, le renégat d'un scénario à la Mad Max reconnaîtra lui-même l'autorité de l'Etat qu'il défie, s'il se trouve face à un soldat en uniforme. La police n'étant qu'une division juridique opérée sur la part légalement armée du peuple, pour assurer sa sûreté intérieure uniquement.

En clair, quand Max Weber explique que l'Etat jouit du monopole de la violence légitime à son propre profit, il ne témoigne que d'une autorité qui est consentie par les civils aux forces armées qu'ils nourrissent de leur propre chair, et qui en dernier recours, ont une extension politique et de justice. S'il faut passer par l'épée le traître que l'on rend responsable de l'effondrement de l'Etat et des millions de morts qui en ont auront découlé, il ne se trouvera aucun citoyen ou sujet pour contester le général qui prendra cette responsabilité. Le plus souvent et cela depuis Napoléon, l'Armée se borne à faire pression sans être sanglante. 

En Tunisie, ex colonie française, le 14 Janvier 2011, ce n'est pas la révolte populaire qui a précipité la destitution de Ben Ali, mais le fait que l'essentiel des officiers militaires ont contesté l'autorité de celui-ci jusqu'à lui suggérer de faire ses valises. Les civils n'ont pas pénétré le palais présidentiel pour chasser leur chef d'Etat. Tout s'est déroulé sur la confrontation entre quelques généraux disposant d'une réelle autorité sur leurs soldats, et la garde rapprochée du dictateur. Une fin de partie a été sifflée, l'oligarchie tunisienne a compris qu'elle n'avait plus de contrôle sur le consentement de cette partie de la nation, qui est pourtant armée au service de l'Etat. Cette dernière ne répond pas des turpitudes politiques de ceux qui prétendent représenter le peuple, mais joue au contraire un rôle essentiel dans la résistance à toutes les formes d'oppression. L'Armée tunisienne n'a pourtant pas pris le pouvoir, elle s'est bornée à créer les conditions de la vacance du chef de l'exécutif, la constitution tunisienne a fait le reste pour que s'opère la transition. L'institution militaire à bien l'observer, est un réel contre-pouvoir que les législateurs se refusent à distinguer pour tenter d'en garder le contrôle.

Face à cette contrainte purement légale, l'Armée a pour le coup une façon très latine et moderne d'opérer, et la France tout comme la vieille Carthage est indéniablement un pays qui procède d'une culture greco-romaine dans son ordre militaire et politique. A-t-on vu les révolutionnaires tunisiens s'inquiéter de ce soutien de l'Armée à leur colère ? En aucun cas, les soldats étaient eux-mêmes issus de la plèbe, et le peuple en arme commande.

Ce que M. Macron ne comprend pas lorsqu'il se permet de défier l'Armée qui conteste sa politique de démantèlement matériel et humain - et plus en profondeur l'utilisation douteuse de nos forces sur des conflits qui nous sont étrangers - c'est qu'il s'attaque se faisant à une institution qui a son propre mode de fonctionnement et sa propre représentation de l'autorité.

L'Armée ne valorise que le mérite et l'honneur pour se hisser à des responsabilités supérieures et juger les Hommes. Elle se montre exigeante avec elle-même pour satisfaire au bien être social, moral et sanitaire de ses soldats. Elle incarne dans sa forme primaire, une certaine idée de notre aspiration sociale. Elle est aussi une institution qui est intégralement incarnée par des jeunes Français qui à l'égal de tous les autres, sont plus ou moins bien informés des petites et grandes trahisons de nos élites politiques. Et il ne faut pas croire que les militaires sous prétexte d'un devoir de réserve, s'abstiennent de parler de politique en dehors de leur service. Nous sommes tous des êtres politiques. Fondamentalement. Les militaires ne font pas exception à la règle, ils jouissent d'une conscience.

Personne ne veut pourtant être le premier à défier la légitimité des mandatés de l'oligarchie financière, cela par principe de discipline. Mais l'autorité politique et militaire ne revêt cependant pas, encore une fois, d'une quelconque disposition constitutionnelle pour se maintenir dans le temps. Or, M. Macron semble parier sur l'apathie populaire et les artifices de sa communication pour établir ce qu'il croit être une "autorité", sans mesurer qu'il n'a aucun contrôle sur l'ensemble des forces d'opposition qui s'activeront durant tout son mandat à contribuer à sa chute. Il ne peut anticiper ce qui pourrait faire sens aux yeux du peuple dans les semaines et mois à venir, et générer des millions de manifestants et des usines à l'arrêt pour le forcer à la démission. Ce n'est pas parce que le peuple est léthargique depuis près de cinquante ans, qu'il ne se réveillera pas du jour au lendemain...

Dans ce cadre, avoir été assez idiot pour insulter l'institution militaire en faisant de celle-ci une variable d'ajustement budgétaire tout en déconstruisant la patrie pour la livrer à des intérêts étrangers hostiles, peut conduire à sa chute tout mégalomane aussi jupitérien et arrogant soit-il à la première insurrection civile venue.  L'Armée est en un certain sens, le juge de paix pour rétablir l'autorité de l'Etat et la paix sociale. Elle répugne à défier elle-même les roitelets illégitimes, mais si ce déficit d'autorité est acté dans la rue par la majorité du peuple, et que la capacité défensive de la France est par ailleurs jugée comme trop altérée par la chaîne de commandement, les généraux et officiers ayant l'autorité (réelle) sur des régiments sensibles, auront toute la latitude pour suggérer à l'usurpateur du commandement suprême, d'avoir l'obligeance de faire ses valises et démissionner de ses fonctions sans discuter. 

Depuis 1961, jamais plus l'Armée n'avait donné autant de signaux d'alarme sur un déficit d'autorité militaire du pouvoir politique. C'est la première fois depuis des décennies qu'un chef d'Etat-Major rend son képi, et si je m'abstiendrais de préjuger de l'action future du Général François Lecointre pour défendre les intérêts de la patrie, je regrette cependant le déshonneur paradoxalement nécessaire que cela laisse planer en ne faisant pas bloc derrière le Général Pierre De Villiers, cela par le refus discret ou ostensible de la charge.

Si aucun officier n'avait accepté de remplacer le Général de Villiers, la crise politique aurait pris une toute autre tournure, du fait d'une défiance cette fois-ci ostensible de l'ensemble des réels chefs militaires du pays. Macron aurait alors dû se soumettre à la réelle autorité de l'Armée sur des revendications bassement budgétaires, mais aussi sur le maintien d'un général au rang de chef d'état-major des armée à ses côtés, alors qu'il l'avait insulté publiquement. Ainsi, le Général Lecointre se trouve dans une position très inconfortable en assurant la continuité du haut commandement militaire de la France.

Deux signaux parmi beaucoup d'autres plus diffus dans le temps, témoignent que M. Macron sait déjà le caractère purement factice et illusoire de son "autorité".

D'une part, la haie d'honneur que les officiers du Ministère de la Défense ont organisé pour le départ du Général de Villiers. C'est une façon subtile et tout à fait fidèle à l'esprit de corps de faire passer un message politique au président de la République. D'une autre part, le fait que M. Macron s'est senti obligé de se justifier sur son autorité sur les armées pour la seconde fois le 19 Juillet 2017, sur la chaîne BFM Tv. Ce dernier a tenté d'évincer l'autorité du chef d'Etat-Major qu'il vient de nommer, sur la stratégie de défense et les moyens technologiques, humains (et par conséquent financiers) qui s'y adjoignent. M. Macron se prétend-il plus compétent que son propre chef d'Etat Major pour définir ce qui est nécessaire aux capacités opérationnelles des armées ? Dans quel régiment militaire M. Macron a t'il servi pour justifier d'une compétence supérieure sur un général d'armée quant aux besoins vitaux de celle-ci, pour assurer sa mission de défense ?

Du reste, notre dissuasion nucléaire a un coût, et il est du devoir du chef d'Etat-Major, d'informer la population dans le cadre des commissions parlementaires, si les crédits nécessaires au maintien de notre indépendance nationale sont clairement insuffisants. M. Macron oublie sciemment de rapporter qu'il est du devoir du parlement de contrôler l'action des ministres au regard des nécessités de fonctionnement de l'Etat. Concédons que lui et son équipe de campagne, n'a pas sélectionné les députés de "La République en Marche" parmi les moins opportunistes et cupides de nos concitoyens, valeurs habituelles des oligarchies naissantes ou régnantes. Il en a détruit une pour en créer une nouvelle de toute pièce, mais qui est toute aussi crasse et dévolue à ses propres intérêts particuliers que les fantômes de la précédente. Il sait obtenir (pour le moment) son consentement à son jeu de macabre destruction, mais là encore il ignore quelles pressions pourront être exercées sur les parlementaires dans l'avenir, ni des formes qu'elles prendront. M. Macron qui n'ignore pas les lois constitutionnelles en vigueur, oublie cependant que le commandement dont il dispose, ne tient qu'à la mesure que le peuple et son armée s'abstiennent de faire valoir leur union sacrée pour le renverser. Le pouvoir de n'importe quel chef d'Etat, y compris en France, est très relatif. Il ne tient que sur le consentement du peuple à son propre asservissement. Mais il y a des lignes de rupture qu'il n'est pas bon de franchir en sachant que la mémoire collective s'en nourrit pour exulter ses futures violences insurrectionnelles.   

Une autorité qui est manifeste ne se revendique pas, il ne faudra jamais cesser de le dire. Depuis la première guerre d'Irak, puis celle de Yougoslavie jusqu'à celles actuellement en cours en Afrique et au Moyen-Orient, l'armée française a du avaler toutes les couleuvres, que ce soit sur la légalité de l'usage de l'institution dans ces conflits, ou les moyens qui lui sont conférés pour les assumer. Le patriotisme qui est en outre une dimension culturelle forte dans la soldatesque et jusque dans les sphères de commandement, est une valeur constamment heurtée par les responsables politiques, tous soumis à une idéologie mondialiste et anti-France très éloignée de celle qui motive l'engagement des militaires.

Dans ce contexte de crise morale, politique et budgétaire, Macron a révélé son incompétence à mesurer son rôle d'arbitre et non de gamin capricieux,  pour garantir la solidité des institutions. Nous ne verrons pas forcément l'Armée aller plus loin dans sa grogne, mais si jamais elle trouve l'opportunité dans le cadre d'une révolte civile, de rappeler au président la relativité de son "autorité", il est probable qu'un certain nombre de généraux n'hésiteront pas à poser l'acte final de l'insurrection qui vient...

mardi 18 juillet 2017

Lettre ouverte à l'Ambassadeur d'Arabie Saoudite

Mohamad Ben Nayef en mars 2016 avec Emmanuel Macron
Monsieur l'Ambassadeur,

Je tenais à vous écrire pour vous faire connaître mon admiration pour votre pays.

Tout d'abord, je tiens à remercier vos autorités politiques qui ont le mérite d'avoir beaucoup d'humour. En mettant à l'index le Qatar pour le financement du terrorisme que vous lui reprochez, j'avoue que je n'ai pu m'empêcher de rire aux éclats toute une nuit durant. Souhaitez-vous Monsieur l'ambassadeur, que l'on fasse état des achats massifs d'armes et munitions en Europe Centrale par l'Arabie Saoudite ? Armes, qui je le rappelle, sont retrouvées très étrangement en Irak et en Syrie dans les mains de vos mercenaires. Quelle est votre explication sur le fait qu'aucun des importateurs saoudiens à l'origine de la logistique permettant d'armer les terroristes, n'ait été inquiété ? Des membres de la famille peut-être ? Ou juste un service rendu à l'Oncle Sam ?

Nous manquons d'humoristes en France, si jamais la famille Saoud souhaite se reconvertir dans les métiers du cirque, sachez que nous serons ravis de les accueillir sur notre sol dans ce seul et unique but.

Comme vous n'êtes pas avares dans l'art de la farce, rien ne nous amuse plus que la liturgie sectaire et bouffonne que véhiculent vos Oulémas avec son lot de doctrines ultra rigoristes, tandis que vos princes forniquent à tout va, se comportent comme des marchands du temple, et collaborent avec les U.S.A et Israël contre les intérêts des populations arabes au Moyen-Orient.

Au peuple saoudien l'asservissement total, aux héritiers du Royaume la belle vie. Et d'ailleurs, les Oulémas qui sont aussi spirituels qu'une tranche de jambon, semblent silencieux sur la guerre totalement dégueulasse livrée au Yemen par l'Arabie Saoudite. C'est évident, contribuer directement ou indirectement à tuer des gens, cela relève d'un très haut niveau de sagesse, de spiritualité et de respect de Dieu et sa création.

Ceux qui se sont indignés de l'entrée de l'Arabie Saoudite au Conseil des Droits de l'Homme à l'ONU, ne peuvent pas comprendre les valeurs humanistes qui sont les vôtres. D'ailleurs, même le Diable en personne ne pourrait pas vous comprendre non plus : jamais il n'avait exigé d'aller aussi loin dans l’hypocrisie et la barbarie. Si votre Dieu est en vérité Lucifer, au moins que l'élève ne tente pas de dépasser le Maître.

Je rappelle que selon l'oligarchie américaine et européenne, les méchants dictateurs (laïcs et socialistes) se trouvaient en Irak, en Libye et en Syrie, tandis que l'Arabie Saoudite n'a jamais été inquiétée. Pourtant, au regard du système de valeurs occidentales, les salauds, les dictateurs, les ordures qui oppriment les populations, sont moins des dirigeants baasistes du croissant fertile, que les cinglés qui dirigent votre pays. La France aurait par exemple raison de ne plus se souiller en relations diplomatiques et commerciales avec votre pays, tant que vous n'aurez pas accordé la liberté d'opinion à tous vos sujets (y compris sur l'apostasie), ainsi que des droits équivalents entre les femmes et les hommes.

C'est d'ailleurs ce dernier sujet qui est la raison de ma missive.

Pendant des années, je croyais que votre pays était uniquement peuplé par des hommes et des fantômes. Je n'imaginais pas que des femmes puissent vivre dans votre pays jusqu'à tomber sur ce cliché d'une jeune saoudienne que vos autorités ont récemment arrêté :


Je suppose que votre humanisme va vous conduire à au choix : la décapiter ; la lapider ; la fouetter ou tout autre sévice pouvant expliquer votre présence au Conseil des Droits de l'Homme afin de montrer par l'exemple ce qu'il ne faut pas faire.

Mon Dieu, vos Oulémas ont vu un bout de chair et les voilà qui mouillent la culotte ? En France, pays qui à défaut d'être une Démocratie a le mérite d'aimer ses femmes et leur donner des droits équivalents à ceux des hommes, voir une femme vêtue comme la demoiselle très courageuse que vous avez arrêté, c'est notre lot quotidien dans la rue.

A part quelques tarés comme partout dans le monde, l'écrasante majorité des hommes est totalement indifférente aux passantes que vous considérez comme si court-vêtues. Oui Monsieur, une femme en jupe, ça ne nous fait ni chaud, ni froid. Et cela pour trois raisons :

  1. Contrairement à vos autorités politiques et religieuses, les Français sont globalement en bon état de santé psychique. Nous ne sommes ni des sadiques, ni des pervers, ni mêmes des frustrés. Nous ne raisonnons pas avec notre pénis sous prétexte d'être exposés à un peu de chair féminine. Si vos Oulémas ont un soucis avec le corps féminin, qu'ils demandent à leurs épouses de leur montrer à quoi cela ressemble. Qu'ils essayent de ne pas les violer sur le champ pour constater que l'on peut très bien survivre émotionnellement à l'exposition de la chair nue. Après tout, quand on est capable de  pratiquer le ramadan, se priver de sexe quelques heures ou quelques jours est-il si impossible à imaginer ?

  2. Nos femmes sont libres de faire ce qu'elles veulent. Ce ne sont pas animaux ou des sous-hommes, mais bien des êtres humains disposant d'un esprit et d'une sensibilité à l'égal des hommes. J'ajouterais qu'au regard du comportement de vos sujets masculins avec les Saoudiennes, qu'il est fort probable que les Français reconnaîtraient plus d'humanité à vos sujets féminins dans votre pays, ce qui pourrait bousculer un peu nos considérations sur l'égalité entre les sexes.

  3. Les Français n'ont nul besoin de cacher leurs femmes dans des draps noirs, ni même leur interdire de sortir et voyager et encore moins de les violer. Les Françaises étant libres en leur pays, les hommes n'ont aucune difficulté à rencontrer celle qui pourra partager leur vie ou tout du moins leur lit, ce qui a l'immense avantage de réduire drastiquement les frustrations sexuelles des mâles, et par conséquent, prévenir un très grand nombre de viols. Nous comprenons en revanche que les délires complètement sectaires et paranoïaques de vos autorités religieuses sur la condition des femmes, empêchent vos sujets mâles de pouvoir rencontrer librement ces dernières, tomber amoureux et avoir une vie sexuelle satisfaisante.
Monsieur l'ambassadeur, comme il est évident que le produit marketing qui a été élu dernièrement président de la République en France, se montrera bienveillant à votre égard, je vous écris le courrier qu'il ne vous fera jamais parvenir à propos de cette jeune femme.

Non que je pense que mon arrogance et mes critiques soient de nature à la sauver, mais à minima pour vous rappeler quel « état de droit » vous représentez, si l'on considère toutefois que l'Arabie Saoudite est bien un état de droit. Ce qui reste encore à démontrer.

Peut-être êtes vous insensible au fait que le reste du Monde considère votre pays et vos croyances comme étant la lie de l'humanité, mais si je devais entendre tout ce que j'ai pu vous écrire à propos de mon pays en tant qu'ambassadeur, il est probable que je tenterais tout ce qui m'est humainement possible pour rétablir l'honneur de l'Etat que je représente.

A votre niveau, et parce qu'il est bien naturel que des citoyens français vous interpellent à ce sujet, il serait tout à fait normal que vous réclamiez pour la jeune femme qui a vu ses photos privées diffusées sur internet, la mansuétude de ceux qui auront à la juger afin de ne pas altérer plus encore l'image de votre Royaume aux yeux du reste du Monde, et pour le moins aux yeux des Français.

Sachez toutefois que vous pouvez expliquer à vos sujets féminins, qu'elles peuvent tout à fait venir en France en tant que réfugiées politiques si vos sujets masculins n'aiment pas leurs femmes. Que ces derniers sachent qu'en France, nous nous ferons un plaisir d'accueillir les Saoudiennes et leur faire goûter au droit de vivre librement.

Je vous prie de croire, Monsieur l'Ambassadeur, en l'assurance de ma respectueuse considération.

Sylvain Baron